Au moment même où l’euphorie du sacre national aurait pu propulser l’Association Sportive des Chauffeurs de la Kozah (ASCK) vers les projecteurs continentaux, le club togolais a pris tout le monde à contre-pied. Pas de Ligue des Champions africaine pour les champions du Togo. Un choix inattendu, mais profondément réfléchi. Et derrière cette décision, un signal fort : celui d’un club qui mise sur l’avenir plutôt que sur l’apparat du présent. « Ce n’est pas un match Gomido-ASCK », tranche Jean-Marie Elo, manager général du club, au micro de Radio Sport FM.
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Ce retrait n’est pas un caprice, mais une réponse lucide aux contraintes économiques qui minent le football local. En l’absence de sponsors et de partenaires solides, le club repose presque exclusivement sur les sacrifices personnels de son président, véritable mécène solitaire. Or, une campagne en Ligue des Champions, avec ses déplacements coûteux, ses primes, ses infrastructures exigées par la CAF, est un gouffre financier que peu de clubs togolais peuvent assumer sans soutien extérieur.
Former avant de conquérir : la vision ASCK
Contrairement aux championnats nationaux, le niveau d’exigence en compétition continentale est drastique : logistique, performance, encadrement, médical, mental… tout doit être au top. L’ASCK, malgré son sacre, reconnaît ne pas avoir encore les fondations assez solides pour affronter ce défi de front. Plutôt que de s’user dans une aventure à court terme, le club fait preuve de maturité stratégique.
Le vrai combat du club se situe désormais ailleurs : au cœur de son centre de formation. Loin des flashs des stades africains, c’est sur les terrains d’entraînement, dans le silence des vestiaires, que l’ASCK prépare la prochaine génération. Un investissement dans les jeunes, dans le savoir-faire, dans la pérennité. Car former, c’est créer un socle durable pour les décennies à venir.
En clair, l’ASCK préfère bâtir une armée de futurs professionnels, capables demain de défendre non seulement les couleurs du club, mais aussi de rehausser le standing du football togolais
Et si c’était ça, la vraie victoire ?
Dans un pays où les clubs sont souvent dans l’urgence du résultat, l’ASCK trace une route à contre-courant, mais pleine de promesses. Ce refus de participer à la Ligue des Champions n’est pas un recul, mais un acte de résistance, de lucidité et de foi en l’avenir. Là où d’autres cherchent la gloire immédiate, l’ASCK, elle, sème des graines. Et demain, peut-être, le Togo récoltera les fruits de cette saison sans continent… mais pleine de sens.
Et si ce retrait n’était pas seulement une affaire de club, mais un appel à repenser le modèle de développement du football togolais ? Sponsoring absent, formation délaissée, infrastructures précaires… Le cri du cœur de l’ASCK mérite d’être entendu, au-delà des frontières de Kara. Car si demain le Togo veut briller sur les scènes africaines et mondiales, il faudra plus que des titres : il faudra une vision. Une vision que l’ASCK semble déjà incarner.
