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Togo/Recel: Un crime invisible qui vous rend complice

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Togo/Recel: Un crime invisible qui vous rend complice

Recel, ce mot, souvent murmuré, rarement compris, cache l’un des délits les plus insidieux de notre société. Bien moins médiatisé que le vol ou l’escroquerie, il reste pourtant le pilier invisible de nombreuses chaînes criminelles. Un téléphone acheté à bas prix ? Une moto d’occasion sans facture ? Derrière ces « bonnes affaires » se dissimule parfois une vérité glaçante : le produit d’un crime.

Le recel, un crime à double visage

L’article 469 du Code pénal togolais est clair. Le recel consiste à dissimuler, détenir, transmettre ou faire office d’intermédiaire pour un objet issu d’un crime ou d’un délit, en connaissance de cause. Il s’agit aussi, et surtout, de profiter de ce produit mal acquis, même sans être l’auteur du crime initial. C’est dire que la simple possession d’un objet volé, lorsqu’on sait ou qu’on devait savoir sa provenance suffit à faire de vous un délinquant.

C’est ici que le piège se referme sur de nombreux citoyens. Pensant faire une bonne affaire, certains se retrouvent complices, parfois à leur insu, de réseaux organisés de voleurs ou d’escrocs. Or, la loi est implacable.

Des peines lourdes pour des actes « secondaires »

L’article 470 du même Code frappe fort : de 1 à 3 ans d’emprisonnement, assortis d’une amende allant jusqu’à 3 millions de francs CFA. Et si les circonstances sont aggravantes — notamment en cas de récidive ou de lien avec une organisation criminelle —, les peines peuvent grimper à 10 ans de réclusion et 20 millions CFA d’amende. Une punition qui reflète la gravité d’un acte souvent sous-estimé.

Cette sévérité s’explique : sans receleurs, pas de marché pour les biens volés. Le recel nourrit le vol comme l’oxygène alimente le feu. Il en est le moteur invisible, le chaînon qui transforme un délit isolé en business florissant. Couper ce lien, c’est affaiblir toute l’économie souterraine.

Ignorance ou indifférence ? Une responsabilité partagée

Dans un contexte économique difficile, les tentations sont grandes. Mais nul n’est censé ignorer la loi. Acheter sans vérifier, accepter sans questionner, c’est prendre le risque de tomber sous le coup du Code pénal.

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Les autorités multiplient les campagnes de sensibilisation, notamment auprès des jeunes et sur les réseaux sociaux, où la vente d’objets d’origine douteuse pullule. Pourtant, l’ampleur du phénomène inquiète. Dans les marchés, sur les parkings, ou en ligne, les receleurs modernes agissent à visage découvert, parfois sans même le savoir.

Vers une vigilance citoyenne

L’enjeu aujourd’hui est double : renforcer les contrôles mais surtout changer les mentalités. Refuser d’acheter un bien dont on ne peut garantir l’origine, c’est poser un acte citoyen. C’est aussi protéger son avenir. Car un « petit achat » mal avisé peut se transformer en cauchemar judiciaire.

En somme, le recel n’est pas un simple « petit délit », mais une infraction lourde de conséquences. Derrière une apparente banalité, il brise des vies, alimente la criminalité, et gangrène la société. Pour ne pas en être complice, une seule solution : vigilance, bon sens, et respect de la loi.

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