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Portrait: Medissa SAMA, une visionnaire au service des entreprises

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Portrait: Medissa SAMA, une visionnaire au service des entreprises

L’entrepreneuriat, ce mot qui, il y a peu, n’était pas usuel dans le vocabulaire du Togolais lambda, est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Il est présenté par beaucoup comme la solution au problème de pauvreté dans nos sociétés. S’il est vrai qu’il n’existe pas de remède miracle, on ne peut nier à cette matière sa capacité à amener vers l’épanouissement quand elle est bien exercée.

Cet exercice n’est pas aisé, beaucoup de femmes togolaises vous le diront. Mais parmi elles, des braves ont pu faire passer leur activité du stade de subsistance à celui d’entreprises capables d’impacter le tissu social et économique national.

Médissa SAMA est entrepreneure engagée, l’une de ces braves dames qui, chaque jour, œuvre à matérialiser le rêve d’épanouissement de ceux et celles qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale à travers le partage de son expérience. LOMEGRAPH
vous amène à la découverte de cette héroïne du quotidien.

Lourd bagage intellectuel de Medissa Sama

Derrière son sourire volontaire et son contact facile, Médissa SAMA cache un parcours exceptionnel qui fait d’elle une professionnelle aguerrie dans son domaine. Née à Kétao, dans le nord du Togo, la jeune Médissa fit une partie de son cursus scolaire dans cette région avant de rejoindre Aného, précisément le Collège Saint Pierre et Paul, où elle
obtint son Baccalauréat, série D. Elle intégra ensuite l’Université de Lomé, où elle décrocha une Licence en éducation spécialisée à l’École nationale de formation sociale.
Animée d’une grande vision et consciente de la nécessité d’acquérir des compétences, elle ne s’arrêta pas là, malgré les difficultés.

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C’est ainsi qu’elle suivit une formation niveau Master en Gestion de Projets et Passation de Marchés à l’Université privée ESA. Elle retourna ensuite à l’Université de Lomé pour ajouter à son palmarès un diplôme en Gouvernance de l’État et Management des Crises. L’appétit de la jeune apprenante ne fut pas pour autant satisfait, puisqu’elle poursuivit son cursus afin d’ajouter deux certifications internationales à son actif.

D’une part, une Certification BRIDGE en administration électorale, gouvernance et démocratie, qui lui octroya une expertise approfondie en gestion des processus électoraux
et en renforcement institutionnel. D’autre part, une Certification GERME du Bureau International du Travail (BIT) en gestion d’entreprise, grâce à laquelle elle renforça sa
maîtrise des outils de structuration et de développement des PME.

Rencontre avec l’entrepreneuriat

Pour Médissa, entreprendre ne fut pas une option facultative, mais un impératif si elle tenait à poursuivre ses rêves. En effet, à 21 ans, alors que ses congénères se livraient aux plaisirs de la vie, la jeune étudiante fut confrontée au dilemme de poursuivre ses études tout en assurant son autonomie financière. Cette question se posa en raison
d’un manque de soutien parental à l’époque.

Déterminée à ne pas choisir entre ses études et son indépendance financière, elle décida de mener ce double combat. Ainsi, parallèlement à ses études universitaires, elle proposa divers services : cours de répétition, inventaires de petites boutiques, serveuse de bar le
week-end. Ce furent ses premiers pas dans l’entrepreneuriat. Des pas bien posés, puisqu’elle réussit à économiser suffisamment pour couvrir ses besoins quotidiens et
ceux liés à la vie sur le campus.

La graine entrepreneuriale ainsi plantée, Médissa identifia un besoin non satisfait parmi ses camarades étudiants : l’accès limité aux fournitures scolaires et aux accessoires de mode. Elle décida alors d’investir ses gains dans l’achat et la revente de stylos, cahiers, bijoux et vêtements de seconde main. Ce commerce grandit, donnant naissance en 2015 à la première société de la jeune entrepreneure : My Lys Cosmétiques, une entreprise
spécialisée dans les produits de beauté.

Cette entreprise finança les études en master de Médissa dans une université privée, mais
représenta également sa première confrontation à la dure réalité de l’entrepreneuriat : l’échec. En effet, My Lys Cosmétiques ne vécut que trois ans avant de fermer en 2017,
malgré le dynamisme et la passion de sa fondatrice. Cette expérience lui inculqua une leçon essentielle en entrepreneuriat : avoir une idée et de l’énergie ne suffit pas, il faut aussi maîtriser les stratégies de gestion et de développement.

Déterminée à acquérir ces compétences, la jeune entrepreneure partit à leur conquête en travaillant pendant deux ans auprès d’un homme d’affaires prospère. Son leitmotiv était simple : en apprenant ce que faisait cet entrepreneur à succès au quotidien, elle pourrait,
elle aussi, atteindre son niveau de réussite. Sa ténacité fut payante puisqu’en 2019, Médissa SAMA lança son cabinet YiLiM, qui accompagne aujourd’hui les PME et coopératives dans leur structuration, leur mise en réseau et leur accès aux opportunités
économiques.

Le parcours de Médissa SAMA lui a appris que l’entrepreneuriat est un chemin fait de hauts et de bas, mais que chaque échec bien analysé est une leçon qui prépare à une réussite plus grande. Aussi s’est-elle donnée pour mission d’inspirer, de structurer
et de connecter la nouvelle génération d’entrepreneurs africains pour une croissance économique durable et inclusive.

Au quotidien, elle aide les PME en leur fournissant les clés pour structurer et pérenniser leur activité. Même à ceux qui se lancent par pur besoin de subsistance, pour gagner
leur pain quotidien, elle donne les moyens de transformer une activité de nécessité en une entreprise viable et prospère.

Cet accompagnement se fait à travers deux structures : le cabinet YiLiM et la Confédération des Juniors Entreprises du Togo (CJET), dont Mme SAMA est la présidente. Il repose sur trois piliers essentiels. D’abord, la formalisation et la structuration de l’entreprise, à travers lesquels elle aide les entrepreneurs à choisir un statut juridique adapté à leur activité, à obtenir leur immatriculation et à se conformer aux obligations fiscales et sociales (OTR, CNSS, AMU). Il s’agit aussi d’amener l’entreprise à mettre en place une organisation interne efficace avec des processus clairs.

Ensuite, le compétences développement de et l’accès aux ressources, un pilier qui vise à former les jeunes entrepreneurs aux compétences essentielles pour gérer une entreprise. Enfin, l’accès aux financements et aux marchés. Pour ceux qui n’ont d’autre choix que de survivre, l’accompagnement leur permet de stabiliser et de développer leur activité afin qu’elle leur offre une véritable sécurité financière.

Confédération des Juniors Entreprises du Togo (CJET)

En tant qu’entrepreneure chevronnée, Mme SAMA préside la Confédération des Juniors Entreprises du Togo (CJET), une organisation qui fédère et accompagne les jeunes entreprises et coopératives togolaises de moins de 10 ans d’existence. La CJET accompagne ces structures dès leur création et tout au long de leur phase de croissance, facilitant ainsi leur accès aux financements, aux marchés publics et privés afin d’assurer leur viabilité économique.

Elle offre également des formations et du mentorat pour renforcer les compétences des entrepreneurs et dirigeants, tout en mutualisant les ressources (bureaux, expertises,
services administratifs, etc.) pour réduire les coûts et améliorer la compétitivité des PME.

Une autre mission essentielle de la CJET est de plaider auprès des autorités publiques pour une meilleure prise en compte des besoins des jeunes entrepreneurs dans les politiques économiques et sociales.

La CJET propose plusieurs services :

Le Centre d’Incubation des Juniors Entreprises du Togo (CIJET) : un programme d’accompagnement destiné aux start-ups, PME et coopératives débutantes, visant à les aider à se structurer, accéder aux marchés et se professionnaliser.

Le Portail de Connexion des Juniors Entreprises du Togo (PCJET) : une plateforme facilitant la mise en relation des jeunes entreprises avec des partenaires, investisseurs et
clients potentiels. Allô Conseil : un service d’assistance en ligne et par téléphone pour informer, conseiller et orienter les entrepreneurs sur les questions fiscales, administratives
et économiques.

Carrefour Jeunes: un forum régional permettant aux entrepreneurs de rencontrer des experts, mentors et investisseurs afin de développer leur réseau et renforcer leurs capacités.

Présente dans toutes les régions du Togo, la CJET a déjà obtenu des résultats significatifs. Grâce à ses actions, plus de 100 millions de francs CFA de crédits ont été octroyés aux jeunes entrepreneurs et coopératives accompagnés. Une augmentation de plus de 30 % du chiffre d’affaires annuel des PME bénéficiaires de son accompagnement a été observée.

De plus, des mises en relation stratégiques ont permis de sauver des dizaines d’entreprises en difficulté. L’action de la CJET a également contribué à l’intégration de mesures avantageuses pour les PME dans la loi de finances 2025, et l’organisation continue de plaider pour des réformes encore plus favorables.

L’ambition de la Confédération est simple : créer un environnement où chaque jeune et chaque femme  togolaise peut entreprendre sur des bases solides, avec accès aux bonnes
ressources et à un accompagnement adapté. Pour adhérer, les PME débutantes sont invitées à se rendre sur le site www.cjet.tg et à renseigner le formulaire correspondant à leur statut (Coopérative ou PME).

Femmes et jeunes, piliers du développement

Mme SAMA est animée d’une profonde conviction : les femmes et la jeunesse sont les piliers du développement économique et social de notre nation. Aussi, pour remédier, un tant soit peu, aux obstacles majeurs rencontrés par ces groupes, notamment l’accès
limité aux ressources, aux opportunités et aux réseaux professionnels, Médissa les place au cœur de ses activités.

Elle a ainsi lancé plusieurs programmes d’accompagnement et d’appui dédiés aux jeunes et aux femmes entrepreneurs. Pendant plusieurs mois en 2022, le cabinet YiLiM a organisé la Journée du Jeune et Femme Entrepreneurs Togolais (JJFET), un événement
destiné à mettre en lumière les jeunes entrepreneurs togolais, leur permettant de présenter leurs projets, d’accéder à des conseils d’experts et de tisser des relations stratégiques avec des partenaires clés. Le succès de ces journées a débouché sur la création d’un programme encore plus ambitieux : Carrefour Jeunes Togo. Il s’agit
d’une tournée nationale visant à rencontrer les entrepreneurs directement sur le terrain, dans toutes les régions du Togo.

Ce programme a permis d’outiller et de faire émerger plus de 1 000 jeunes et femmes entrepreneurs. À l’issue du programme, les meilleurs entrepreneurs bénéficieront d’un voyage tous frais payés à Lomé pour rencontrer des personnalités influentes, découvrir des infrastructures stratégiques et explorer des opportunités d’affaires, avec des bons d’accompagnement pouvant atteindre 1 million de FCFA par an pour développer leur entreprise ou coopérative.

Dans ses efforts, Mme SAMA est soutenue par le gouvernement togolais. Plusieurs ministères, dont les missions s’alignent avec celles de la CJET, ont établi une collaboration
stratégique avec la confédération. Aux jeunes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, Mme SAMA conseille de trouver un mentor et de valider leur business model avant de démarrer, c’est à-dire comprendre comment ils vont générer des revenus et se positionner sur le marché. Ils doivent également être curieux et se former aux règles fiscales et de sécurité sociale, à la gestion financière et aux exigences du marché.

Rejoindre des réseaux d’entrepreneurs leur serait aussi bénéfique. Et surtout, ils doivent éviter les crédits bancaires au démarrage et privilégier plutôt l’autofinancement ou les
microfinancements adaptés.

Pour ne pas se laisser submerger par la pression entrepreneuriale, Mme SAMA cultive d’autres passions : la lecture et l’écriture, la randonnée, les voyages et le networking. Son
livre «Derrière les Apparences», qui raconte l’histoire d’une femme partie de zéro, brisée mais devenue une héroïne, est sortie d’ailleurs au mois de mars.

Beaucoup de défis l’attendent encore cette année et Médissa SAMA reste proactive car pour elle, « l’avenir se construit aujourd’hui, et chaque action compte »

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