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Maraîchage le long de la rivière Kara : l’expérience des gardiens de cette tradition à la croisée des défis modernes

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Maraîchage le long de la rivière Kara : l’expérience des gardiens de cette tradition à la croisée des défis modernes

Au cœur de la région de Kara, les activités de maraîchage le long de la rivière Kara ont façonnés le paysage agricole depuis plusieurs décennies. De Sarakawa à Abouda, les rives du fleuve sont le théâtre d’une tradition agricole transmise de génération en génération.

Les maraîchers, gardiens de cette tradition, font face à des saisons changeantes et à des obstacles financiers. Pourtant, leur quête de solutions innovantes et leur résilience témoignent d’une communauté engagée à écrire un nouveau chapitre dans le livre de l’agriculture togolaise. Découvrez comment ces cultivateurs naviguent entre passé et présent, défis et opportunités, dans cette exploration captivante du maraîchage le long du fleuve de Kara.

Une histoire cultivée au fil des ans

AMA Anabidédé, actif depuis 1989, partage son expérience. « Moi, j’ai commencé le maraichage depuis les années 1989. Il y a un nombre incalculable de maraîchers ici aux abords de la rivière. Vous pouvez trouver des jeunes maraîchers, mais aussi des anciens dans ce domaine, certains ayant commencé dès 1978. Ici, nous cultivons le chou, la carotte, le concombre, la tomate, la laitue, la betterave, tout ce qui est utilisé en cuisine. Lorsque nous remarquons qu’un produit maraîcher s’adapte à notre sol, nous le cultivons ici. Mais c’est le chou qui prospère dans n’importe quel sol, les laitues également, » indique-t-il.

PAKO Paul, maraîcher aux abords du fleuve depuis 17 ans, partage son expérience. « Je travaille ici depuis 17 ans et vis de cela. Nous pouvons avoir le marché à partir de Décembre jusqu’à peut-être Février ou Mars. Les activités du maraîchage à l’abord de la rivière s’effectuent le plus souvent entre Octobre et Mars. Moi, j’ai cultivé du chou, un peu de laitue et les feuilles d’haricots. En tant que maraîcher, nous arrosons les plants. Lorsqu’il y a des chenilles, nous faisons un traitement ou bien nous utilisons du fumier, » explique-t-il.

«Les produits maraîchers cultivés aux abords de la rivière Kara sont consommés par les habitants de la région, mais aussi de la sous-région. « Nos principaux clients sont des femmes de Kara, du Ghana, du Bénin et du Niger. Mais il y a aussi des femmes d’ici qui viennent acheter et revendre à l’extérieur du pays, » ajoute-t-il.

La vie du maraîcher

AMA Anabidédé souligne ceci. « Parlant de nos principaux clients, quiconque vient achète, surtout les femmes du marché. Travaillant en rend dispersé, sans organisation, nous avons créé le syndicat SYPROMAT, mais il suscite peu d’intérêt. »

TCHONDA Kpatcha, vétéran du maraîchage depuis plus de 25 ans, partage : « Nous produisons des choux, des laitues et parfois des carottes. Quand nous commençons le jardin, nous débroussaillons, faisons des sillons et arrosons. Nos clients sont principalement des femmes de Kara et des étrangères. Moi, je vis du maraîchage, mais d’autres sont menuisiers, maçons, etc. »

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BIRETOKI Kpatcha, maraîcher depuis 2004, conclut : « Moi, je suivais mes frères pour le travail de maraîchage dans les années 2004, 2005. Il y en a d’autres qui sont décédés et j’ai pris leurs portions. Je pense que pour ce travail, il faut avoir le temps pour l’arrosage, l’entretien. Il faut veiller à ce que les plants soient en bonnes formes. Un maraîcher, par exemple, avec le chou, peut produire jusqu’à 40 sacs en fonction de la portion qu’il exploite, » explique-t-il.

Les défis rencontrés et les perspectives pour un maraîchage moderne

Au-delà de l’héritage, les maraîchers font face à des défis modernes. La saisonnalité des activités, généralement concentrées entre octobre et mars, souligne la nécessité de diversifier les approches pour maintenir des revenus stables tout au long de l’année.

Cependant, les maraîchers expriment le désir de solutions innovantes pour maximiser les revenus tout en minimisant les fluctuations du marché. La coopération au sein de coopératives est perçue comme une voie prometteuse pour faire face aux défis financiers et techniques.

« Ici, nous pouvons réussir mais le marché est difficile, nous atteignons qu’à même parfois les 50% de revenu. Vu notre nombre à produire, le marché chute considérablement au moment de la vente. Et il arrive des années où ça ne produit pas bien. Pour la qualité de nos produits, je dirai que tout le monde fait comme il peut, vu qu’il y a aucune exigence chacun a ses méthodes pour mieux produire. J’ai des idées de pouvoir progresser mais il n’y a pas de moyen, et pour avancer c’est un peu difficile quand on est seul, il faut que nous soyons en coopérative, » mentionne AMA Anabidédé.

Pour PAKO Paul, plusieurs défis sont à relever. « Nous travaillons ici depuis des décennies, le sol est pauvre donc nous utilisons de l’engrais chimique et aussi du fumier dans la production maraîchère. Nous rencontrons des problèmes du marché liés à la baisse des prix, il y a des moments où nous n’avons plus d’eau dans le fleuve et nous cultivons que du maïs, nous laissons un peu le maraîchage, » confie-t-il.

Le manque de moyens financiers est la préoccupation majeure de TCHONDA Kpatcha : « Trouver de l’argent pour payer l’engrais et le fumier c’est difficile, il y a les chenils qui nous dérangent aussi, la cherté des graines de semences également, » indique-t-il.
« Moi, par exemple, j’ai une grande superficie à la maison, si j’avais les moyens je mets les canaux jusqu’à ma maison pour pouvoir drainer l’eau en vue de mieux produire, » souligne BIRETOKI Kpatcha.

Maraîchage le long de la rivière Kara : l’expérience des gardiens de cette tradition à la croisée des défis modernesLe maraîchage aux abords de la rivière Kara reste ancré dans l’héritage local, un symbole d’unité entre tradition et modernité. Ces cultivateurs, gardiens d’une pratique ancestrale, travaillent à préserver leur histoire tout en embrassant les opportunités du monde moderne. Cette activité dans la Kara évolue, résilient face aux défis contemporains, prêt à écrire un nouveau chapitre dans le livre de l’agriculture togolaise.

Plaki SIMLIWA

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