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Togo/Fêtes traditionnelles : Des trésors conservés par les populations locales

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Togo/Fêtes traditionnelles : Des trésors conservés par les populations locales

Les fêtes traditionnelles d’exception, le Togo en dispose plusieurs. Elles sont d’ailleurs parmi les plus authentiques de l’Afrique de l’ouest. Ces rites traditionnels qui font du territoire un pays richement culturel rythment la vie de chacune de ses communautés.

Par constat général, il est vrai que quelques-unes des fêtes traditionnelles togolaises passent devant certaines pour diverses raisons, notamment politique, économique et historique. Ces dernières, certes moins connues portent en elles des valeurs culturelles très ancrées au sein des populations locales. Nous vous proposons dans ce numéro un petit voyage à travers le pays afin de vous faire découvrir ces « trésors cachés ».

Tingba Pab, la fête des moissons du groupe Para Gourma

Commençons notre voyage au nord du Togo, plus précisément dans le Grand Tône. Les MOBAS de cette localité et leurs ethnies cousines célèbrent chaque année, une fête traditionnelle dénommée « Tingban Pab ». Elle a lieu tous les deuxièmes samedis du mois de décembre.

Signifiant littéralement « offrande aux génies », cette célébration est une occasion de remercier les divinités qui par leur bienfaisance ont permis aux populations d’obtenir de bonnes récoltes. Au cours de la fête de Tingban Pab, les fils et les filles de la localité exécutent des danses initiatiques rituelles et folkloriques notamment « Talkoudg », où on voit le danseur secouer sa hanche tout en gardant son épaule stable en suivant un rythme bien précis. Les danseurs mettent autour de leur hanche une sorte de ceinture souvent blanche faite en fil de coton tissé artisanalement.

Cette fête de moisson est un moment de retrouvailles pour les peuples Moba, Gourma, et Yanga. Depuis quelques années, plusieurs activités socioculturelles éducatives et sportives ont lieu lors de la célébration.

Koudaapani, fête religieuse ou fête des moissons ?

La grande ferveur dans le Grand Oti. Chaque quatrième samedi du mois de janvier est célébrée à Mango ce qu’on appelle aujourd’hui Koudaapani. Il s’agit de la nouvelle dénomination des fêtes Kouroubi – Dakou – Tigbanpaani. En effet, Kouroubi est anciennement la fête religieuse des jeunes filles.

Elle a évolué avec les autres célébrations pour connaître une nouvelle dénomination dans le souci de pérenniser la paix et de sceller une nouvelle alliance entre les populations de l’Oti.

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Koudaapani signifie donc fécondité et moissons. Elle rassemble toutes les populations de l’Oti (Anoufoh, Konkomba, Gam-Gam, Gourma, Komba, Koumonga, et Natchaba) autour d’un culte aux mânes dans une communion de fraternité et de solidarité. Lors des festivités, on assiste à des parades colorées et des danses traditionnelles frénétiques.

Au-delà de son aspect culturel et cultuel, cette fête des moissons est une occasion pour les populations de l’Oti de faire le bilan afin d’amorcer un nouveau départ.

Tislm-Difoini-Odoubam, dans la Kéran

Célébrée le deuxième samedi du mois de février à Kanté, à quelques kilomètres de Kara, Tislm-Difoini-Odoubam représente une belle occasion de découvrir la culture des peuples Lamba, Gangan et Tamberma. C’est la fête des moissons et d’initiation dans la Kéran. Elle regroupe les populations de la région et est, en effet, un hommage aux dieux et aux ancêtres pour avoir fourni d’abondantes récoltes.

Tislm-Difoini-Odoubam offre une opportunité aux peuples de la Kéran de déceler les richesses que contiennent leurs coutumes et traditions et de dépouiller la jeunesse des complexes dus à l’acculturation. Ces derniers sont soumis à une série d’épreuves de force et d’endurance pour montrer qu’ils sont prêts à entrer dans la vie active.
Les festivités sont également marquées par des libations, des danses traditionnelles et des dégustations des produits du terroir.

Sintou-Djandjaagou, la fête phare des Nawdébas

Nous sommes à Niamtougou. Chaque premier samedi du mois d’avril, le peuple Nawdéba (Nawda ou Losso) et les Lamba de la préfecture du Doufelgou commémorent Sintou-Djandjaagou.
Fête des récoltes dans la région, elle est célébrée pour remercier les dieux d’avoir fourni une meilleure moisson. Une danse liée à la fête est exécutée par les hommes pour vénérer la mémoire des ancêtres et implorer le tout-puissant afin qu’il bénisse la nouvelle saison qui commence.

Carrefour culturel des peuples du Doufelgou, Sintou-Djandjaagou constitue un condensé de rites, manifestations et danses que l’on rencontre chez les ethnies de la localité.

Dans la région Centrale, Kamaka

C’est l’une des fêtes traditionnelles « les très moins connues » du territoire national, malgré les efforts du gouvernement en place. Kamaka, fête des moissons des Tem d’Assoli se célèbre en décembre, plus précisément le deuxième samedi du mois à Bafilo.

Marque de reconnaissance aux anciens pour les bonnes recettes, le Kamaka signifiant « hamac » désignait au départ, le moyen de transport ancestral fait à base de fibre de raphia pagne avec lequel on transportait à titre d’hommage le membre de la communauté qui s’est distingué au cours de l’année grâce à sa grande récolte et apporter son assistance aux démunis.

C’est pour cette raison, qu’à l’occasion de sa célébration de nos jours, le chef traditionnel se fait transporter dans un « hamac » pour une tournée au sein de la communauté afin de s’assurer de la paix qui y règne.

Gbagba-Za, pour les Ewe d’Agou

La fête Gbagba donne le ton à la consommation de la nouvelle igname. Elle est célébrée le premier samedi du mois d’août dans la préfecture d’Agou, dans la région des Plateaux.

En effet, Gbagba-Za est une manifestation culturo-religieuse des Ewé d’Agou. Plusieurs divinités gravitent autour de cette manifestation, dont la déesse Gbagba qui constitue l’une des pièces maîtresses.

Il en est de même pour Apetofia, l’une des divinités vénérées des forêts, des plaines et des montagnes d’Agou. Elle sort, une fois l’an, sous l’apparence d’un véritable fauve en grande parade pour rendre visite aux siens.

La fête culturelle et traditionnelle, « Gbagba » offre un cadre de retrouvailles annuelles aux natifs originaires de la préfecture d’Agou. Elle est une fête fédératrice des valeurs autour desquelles les natifs d’Agou se regroupent pour promouvoir le vivre-ensemble dans la paix, l’entente et la cohésion.

Selon la pure tradition, « Gbagba » commence par la visite de la forêt sacrée, préludée d’une cérémonie d’expiation. De manière concrète, cette expiation se traduit par les tapages dans une eau boueuse en pleine rue, obligeant chaque visiteur à se tâcher de boue avant d’arriver au lieu sacré. Là, il n’est pas rare de voir certains adeptes entrer en transe au son des tambours « Gbagba ».
Pendant que certains dansent, d’autres qui ont fait des prières spécifiques pour leur vie prennent une sorte de communion pour exaucer leurs prières. Cette cérémonie ouvre la voie à la consommation de la nouvelle igname.

Togbui-Agni, une autre fête

Occasion de célébrer les moissons chez les Adja-tado du Moyen-Mono, Sud-est de Notsé, Togbui-Agni se veut l’incarnation des valeurs morales et la fédération des énergies pour le développement du Moyen-Mono.

L’unique sortie solennelle du « Roi de la terre – Anyigban fio » à Tado, cette célébration donne lieu à plusieurs cérémonies rituelles pour exorciser les maladies, remercier les mânes des ancêtres et la terre nourricière pour l’abondance des récoltes dans l’année et implorer les bénédictions sur les populations.

Notons que cette fête de retrouvailles de la diaspora Adja est célébrée le deuxième samedi du mois d’août à Tado, date sous réserves.
Cependant, il est important de rappeler que cette liste n’est pas exhaustive.

La fête initiatique du fouet des Lamba à Kanté, tous les quatre ans, la fête religieuse Habyè des Kabyè de la Kozah et Sinkaring des Kabyè de la Binah et d’autres font partie d’un grand éventail chatoyant de pratiques culturelles togolaises qui valent toutes le détour.

Aoudou Aboubakar

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