Entreprendre est une aventure palpitante, qui peut comporter  plusieurs péripéties. Dans ces enchainements de hauts et de bas, certains arrivent à braver les tempêtes pour créer de beaux temps, non seulement pour eux mais aussi pour leur communauté. Koami Elom Paul Kpelly, un passionné de l’innovation et du développement industriel en Afrique, est l’une de ces personnes, qui s’est donné pour objectif d’impacter le monde à sa manière.

S’il a été forgé par l’influence de différents univers, Elom Kpelly a bien poussé ses premiers cris à Lomé. C’est aussi dans la capitale togolaise, plus précisément à Soviépé où il a grandi au bord des rails, qu’il fit ses premiers pas d’écolier. Le complexe scolaire Bienveillance fut son premier lieu d’apprentissage jusqu’à l’obtention du Brevet d’Études du premier cycle (BEPC).

Après, c’est au célèbre lycée 2 Février d’Agbalépédogan qu’Elom commença sa première année de lycéen qu’il n’acheva pas toutefois, le destin l’appelant ailleurs. C’est en Italie où l’attendait son père, que le jeune adolescent poursuivi son parcours d’études et de vie. Il décrocha quelques années plus tard son Baccalauréat professionnel en Économie Industrielle à FORNOVODI TARO dans la province de Parme en Italie. S’en suivirent des études supérieures à l’Université de Milan pour un parcours magistral cycle
unique en Droit.

Au-delà des études, Kpelly vécut plusieurs autres expériences en Italie faites d’emplois dans diverses structures. Cette immersion totale dans cette société européenne façonna  au jeune homme une grande ouverture d’esprit. De ses dires, ce temps passé en Italie lui a fait découvrir un autre rythme, un autre rapport au travail et surtout une autre manière de concevoir l’entrepreneuriat. Ce fut aussi  de raffermir ses liens avec le Togo, car en étant loin de son pays, Elom Kpelly a mieux compris la richesse et les potentiels de son
terroir, ce qui a nourrit son envie de revenir pour participer à sa construction.

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Alors qu’il avait une vie bien remplie en Italie, Elom ne resta pas sourd àl’appel du cœur,  de son pays. L’envie de contribuer au développement économique local couplée à la soif d’oser, de reconquérir la terre qu’il connait profondément, prit le dessus sur le confort qu’il avait réussi à se construire en Italie. C’est ainsi qu’en 2017 il posa ses valises au Togo pour un retour après 10 ans d’absence. La ré-immersion ne fut pas aisée. En effet, même si le voyage retour était simple en termes de logistique, se réadapter à un environnement
qui n’était plus sien fut un défi. Il faut réapprendre certains codes, reconstruire un réseau, faire preuve de patience et surtout de résilience. Toutefois, franchir ces obstacles fut le premier succès d’Elom dans sa nouvelle aventure entrepreneuriale au Togo.

Des doutes, le jeune homme en avait. Mais son parcours en Europe avait insufflé en lui la conviction qu’il veut gérer ses propres affaires ; conviction qui s’est construite au fils des
postes qu’il a occupé dans diverses structures. En effet, parallèlement à ses études, le jeune togolais a enchainé plusieurs activités notamment vendeur d’objets pieux au sein de la cathédrale de Rome. Il a également travaillé quelques temps, avec la célèbre maison de mode ZARA à Milan ; avec le constructeur automobile FERRARI comme CAR EXPLAIN pour le modèle FERRARI 4-88-GTB, en 2015.

Son aventure l’amena également au APPLE STORE de Milan où il était spécialiste dans
les produits phares de la marque et Gestionnaire de la clientèle. Tout ce parcours a donné à Elom les clefs pour surmonter les doutes qui peuvent animer un jeune homme face au destin qu’il a choisi. Il fallait expérimenter le terrain et Elom Kpelly était bien décidé à braver ce destin. C’est ainsi qu’il multiplia les initiatives, notamment la création de KPELLY CENTER en 2017 qui offre des services de pressing (lavage au Kilo) mais aussi de beauté homme-femme. Il y a aussi le KPELLY SHOW ROOM qui a vu le jour en 2019. M. Kpelly est également actionnaire dans une boulangerie : MADRE ABLEVI SARL.

De King Café à Kpelly Industries

Aujourd’hui, dans l’esprit du Togolais, le nom Elom Kpelly se rattache automatiquement à King Café. A la base d’un constat simple, le jeune entrepreneur a réussi à créer un produit qui s’est imposé sur le marché togolais. En effet, il a réalisé que l’Afrique dispose d’un
café excellent mais qui est souvent exporté brut et transformé ailleurs. Aussi, a-t-il décidé d’inverser cette logique en proposant un café transformé localement, de qualité, accessible, mais aussi porteur de fierté africaine, d’où l’entreprise King Café.

C’est une entreprise spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de capsules 100% Robusta Niaouli, cette variété étant la principale produite au Togo où King Café tire
sa matière première. Mais ses productions incluent également la variété Arabica. Pour assurer son fonctionnement, King Café s’est doté d’un réseau de 25 coopératives de producteurs de café-cacao. L’entreprise travaille directement avec ces exploitants, ce qui garantit la qualité de la fève sélectionnée dans les plantations. King Café approvisionne aujourd’hui les restaurants et hôtels du pays. Pour son promoteur, King Café est plus
qu’un produit, c’est une marque qui parle aux jeunes, aux travailleurs, aux rêveurs.

Dans le but d’atteindre sa vision de bâtir une structure industrielle africaine forte, Elom Kpelly a décidé de regrouper ses différentes activités au sein d’une seule entité, Kpelly Industries. Cette structure regroupe ses différentes marques : les chips Happy Day et les biscuits Ablevi qui sont des produits de la boulangerie MADRE ABLEVI ; les vins italiens Tavernello, et King Café. Aujourd’hui, Kpelly Industries a un impact significatif sur le tissu économique et social togolais, en ce sens qu’elle crée des emplois directs et indirects tout en valorisant le consommer local, tant cher au gouvernement Togolais. Ce faisant, elle contribue, un tant soit peu, à l’épanouissement de la population.

En outre, elle renforce le sentiment de patriotisme dans le cœur des consommateurs de ses produits, qui sont fiers de valoriser le savoir-faire togolais et de contribuer au développement du pays. Kpelly Industries crée également une émulation dans le cœur des jeunes ambitieux qui, quand ils voient qu’un produit local peut rivaliser avec des grandes marques internationales, prennent confiance en leurs capacités. Et la structure ne
compte pas s’arrêter là.

L’ambition de Elom Kpelly est de porter ses marques bien au-delà des frontières togolaises et d’aller conquérir le marché européen, mais pas que. Le marché sous-régional est également dans le viseur de cet entrepreneur visionnaire. Le groupe est donc dans une phase d’accélération dans laquelle le marché local n’est pas oublié. Pour parfaire son assise local, Kpelly Industries envisage des programmes de formation et d’insertion en faveur des jeunes. C’est donc, à terme, un groupe industriel panafricain solide, résilient, et humainement engagé qu’est en train de construire ce jeune entrepreneur africain.

Du potentiel au Togo

Du haut de son expérience, Elom Kpelly croit au potentiel du marché togolais. C’est un pays qui dispose d’une jeunesse dynamique, des ressources locales inexploitées, d’une demande croissante sur le marché. Malgré les difficultés comme le manque de structuration, de financement et de formation adaptée, d’accompagnement réel des porteurs de projets ; l’entrepreneuriat reste l’un des leviers majeurs pour transformer
notre économie et créer de la valeur durable.

Dans le domaine de l’agroalimentaire et de l’industrie de transformation où évolue M. Kpelly, l’entrepreneur souligne qu’il y a déjà les prérequis : la matière première, la jeunesse, le marché. Ce qui manque, c’est la volonté collective de valoriser ces atouts, se désole-t-il. Mais comme un prophète, Elom Kpelly croit fermement que les prochaines
réussites africaines viendront des gens qui décident de transformer localement, de miser sur la qualité, et de construire des marques fortes ; comme il le fait à son niveau.

Aussi, pour faire partie de cette classe de gens qui font bouger les lignes, le jeune entrepreneur conseille au jeune togolais de croire en ses rêves, et surtout de travailler. Les jeunes doivent se faire former, collaborer et oser rêver grand, tout en ayant en
tête que l’entrepreneuriat n’est pas un raccourci vers le succès rapide.

C’est plutôt une école de persévérance, d’échecs, de remises en question. Mais si vous êtes constants, curieux, et prêts à apprendre de chaque étape, alors vous irez loin. N’attendez pas que tout soit parfait pour commencer. Commencez petit, pensez grand,
avancez chaque jour. Et surtout, faites les choses avec cœur. Le reste suivra.