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Togo: Pourquoi la HAAC ne suffisait plus?

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Togo: Pourquoi la HAAC ne suffisait plus?

Le paysage médiatique au Togo vient de franchir un cap décisif. Réuni en Conseil des ministres le 17 décembre 2025, le gouvernement a acté une réforme majeure : la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) cède sa place à une nouvelle institution, la Haute Autorité de régulation de la communication écrite, audiovisuelle et numérique (HARC). Un changement de nom, certes, mais surtout un changement d’époque.

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À l’heure où l’information circule plus vite qu’elle ne se vérifie, où un simple smartphone peut concurrencer une rédaction entière, et où les réseaux sociaux façonnent l’opinion publique, le Togo choisit d’adapter ses outils de régulation aux réalités du XXIᵉ siècle.

Combler les limites de la HAAC

Longtemps, la HAAC a incarné l’autorité de régulation des médias audiovisuels au Togo. Mais le monde médiatique a changé. Profondément. Radicalement.

Aujourd’hui, la presse écrite migre vers le numérique, les médias en ligne se multiplient, les créateurs de contenus s’imposent dans le débat public, et les plateformes numériques  sont devenues de véritables canaux d’information de masse.

Face à cette mutation, le cadre réglementaire existant montrait ses limites. La HAAC, essentiellement tournée vers l’audiovisuel, ne pouvait plus, à elle seule, embrasser la complexité de l’écosystème médiatique moderne.

La HARC, un régulateur unique pour un écosystème éclaté

Avec la HARC, le Togo opte pour une approche globale et cohérente. Cette nouvelle autorité aura compétence sur : la presse écrite, les médias audiovisuels, les médias en ligne et, fait inédit, les réseaux sociaux, désormais au cœur de la production et de la diffusion de l’information

L’objectif est clair. Il s’agit d’instaurer une régulation adaptée à la circulation instantanée des contenus, tout en tenant compte de la diversité des formats, des supports et des acteurs.

La création de la HARC répond aussi à une urgence contemporaine : la lutte contre la désinformation. Fake news, manipulations, discours haineux, atteintes à la vie privée… les dérives numériques fragilisent la confiance du public et mettent à l’épreuve les fondements mêmes de la démocratie.

À travers cette réforme, les autorités togolaises affichent une ambition assumée : protéger la liberté d’expression, garantir le pluralisme des opinions tout en renforçant le respect de l’éthique journalistique et des règles déontologiques.

La HARC se veut ainsi un arbitre moderne, capable d’encadrer sans censurer, de réguler sans étouffer.

Une réforme inscrite dans la Constitution la cinquième république au Togo

Cette transformation institutionnelle s’inscrit pleinement dans la dynamique impulsée par la Constitution du 6 mai 2024, qui appelle à la modernisation de l’État et à une meilleure prise en compte des mutations technologiques, sociales et numériques.

En reconnaissant officiellement le rôle central du numérique dans l’espace public, la création de la HARC consacre une évidence : l’information est désormais un enjeu stratégique, politique, démocratique et sociétal.

En remplaçant la HAAC par la HARC, le Togo envoie un signal fort : celui d’un État conscient des enjeux contemporains, désireux d’encadrer l’information sans porter atteinte aux libertés fondamentales, et résolument tourné vers une communication responsable, pluraliste et crédible.

Plus qu’une réforme administrative, la HARC marque l’entrée du Togo dans une nouvelle ère médiatique, où réguler, c’est désormais comprendre le numérique, anticiper ses dérives et accompagner ses opportunités.

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