Dans une atmosphère chargée d’enjeux et d’espérance, le Togo a accueilli la première conférence de l’Union Africaine consacrée à la dette publique. En présence de figures majeures, dont le Président ghanéen John Dramani Mahama, Faure Gnassingbé a livré une allocution forte, visionnaire et sans équivoque. Non, la dette africaine n’est pas qu’un problème de chiffres. C’est une question de souveraineté, de justice et de survie collective.
“Ce n’est pas une conférence sur la dette. C’est une conférence sur notre avenir.”
Dès les premiers mots, le ton est donné. Faure Gnassingbé déconstruit le mythe d’une dette simplement économique, pour la recontextualiser comme un outil – ou un piège – politique. Il interroge en ces termes. Comment parler d’austérité sans parler d’injustice ? Comment évoquer la viabilité sans mesurer l’espoir détruit par les modèles actuels ?
Faure Gnassingbé situe les responsabilités
Dans un continent où plus de vingt nations sont en détresse financière, Faure Gnassingbé ne cherche pas à maquiller la crise. Il l’assume, mais la retourne contre ceux qui en ont fixé les règles. Car si les États africains ont engagé des réformes massives – transparence, gouvernance, discipline – l’effort ne suffit pas à libérer des financements. L’Afrique a payé, en 2024, plus pour sa dette que pour la santé de ses citoyens.
Et pourtant, il ne s’agit pas d’un simple manque de moyens. C’est un système qui fabrique l’asphyxie. Les critères d’évaluation de la dette, dénoncés comme “obsolètes”, sont pointés du doigt. Ils punissent les investissements audacieux, étranglent la croissance, et imposent une logique d’échec programmé.
Financer la paix, pas seulement l’équilibre comptable
Faure Gnassingbé va plus loin. Il brise un tabou mondial : le lien entre dette et sécurité. Comment prétendre stabiliser le Sahel, freiner les flux migratoires, ou répondre aux défis climatiques sans permettre aux États d’y investir ? Le Togo, en première ligne contre le terrorisme, consacre des ressources croissantes à la sécurité. Mais ces efforts, au lieu d’être valorisés, sont jugés improductifs. C’est l’une des incohérences que Faure Gnassingbé entend corriger : “Il faut avoir le courage de financer la paix.”
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Le mot est lâché : doctrine. Car Faure Gnassingbé ne se contente pas de critiques. Il propose une boussole. Une doctrine où la dette serait un levier stratégique, non une camisole. Où l’on jugerait les États non à leur déficit, mais à la qualité de leurs investissements. Où l’on intégrerait les retours sociaux, environnementaux, et humains dans les équations financières.
Mieux, il appelle l’Afrique à parler d’une seule voix. À sortir de la gestion solitaire, fragmentée, pour construire une stratégie régionale, collective, intégrée. “La vraie solution est politique”, dit-il. Et cette solution passe par une coordination panafricaine, une architecture financière repensée, et des institutions continentales fortes.
L’Afrique n’attend plus la permission d’avancer
Lomé devient ainsi plus qu’un lieu. C’est un symbole. Celui d’un continent qui ne demande pas la charité, mais le droit d’investir dans sa propre stabilité. D’un continent qui regarde les grands du monde non comme des bienfaiteurs, mais comme des partenaires responsables.
Avec audace et réalisme, Faure Gnassingbé a tracé une route nouvelle pour l’Afrique. Une route où la dette n’est plus une dette de dépendance, mais un pari sur l’avenir.