Ce samedi 3 mai 2025 restera gravé dans les annales politiques du Togo. Sous les ors solennels de la République, Faure Essozimna Gnassingbé a officiellement prêté serment en tant que Président du Conseil des ministres (PCM), un poste central dans la nouvelle architecture institutionnelle du pays. Par ce geste symbolique et constitutionnel, le Togo franchit un cap décisif vers la mise en œuvre de la Cinquième République, désormais régie par un régime parlementaire.
Devant la Cour constitutionnelle, les députés, les sénateurs nouvellement élus, le gouvernement démissionnaire et plusieurs hautes personnalités de la République, Faure Gnassingbé a incarné la transition. Sa désignation quelques heures plus tôt par l’Assemblée nationale n’était qu’une formalité. C’est désormais acté, le chef d’État de la Quatrième République devient le chef de l’exécutif renforcé de la Cinquième.
Un changement d’intitulé, mais pas de cap : Faure Gnassingbé conserve les pleins pouvoirs
Le nouveau régime ne laisse pas place au doute. Le Président de la République, désormais une fonction symbolique, voit son rôle vidé de toute substance exécutive. Le véritable pouvoir revient désormais au Président du Conseil des ministres, organe moteur de la politique nationale. Et cet homme, c’est toujours Faure Gnassingbé.
Ce changement institutionnel, fruit d’un long processus de réformes constitutionnelles entamé depuis 2023, confère à Faure un pouvoir encore plus centralisé, dans un cadre parlementaire où l’exécutif s’affirme plus que jamais. En tant que PCM, il supervise l’action gouvernementale, contrôle la mise en œuvre des politiques publiques et impulse la dynamique nationale. En d’autres termes, il est l’architecte du Togo nouveau, dans un équilibre républicain repensé.
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Une nouvelle République, un même homme fort
Avec cette réforme, le Togo opère un glissement stratégique du présidentialisme au parlementarisme, un choix rare sur le continent africain, souvent marqué par des régimes hyperprésidentialistes. Mais dans les faits, le centre de gravité reste le même : Faure Gnassingbé, fort de son expérience, de sa longévité au pouvoir, et désormais du soutien d’une majorité parlementaire consolidée, reste l’homme fort du Togo.
Ce basculement vers la Cinquième République ne fait pas que redéfinir les rôles. Il redessine la scène politique, offre une nouvelle lecture des équilibres institutionnels et confirme la stratégie de continuité maîtrisée du pouvoir togolais.
Un symbole d’adaptation politique
Dans un contexte sous-régional parfois instable, le Togo donne à voir une transition contrôlée, sans rupture, mais avec une mutation en profondeur. En redéfinissant les règles du jeu, tout en gardant les mêmes acteurs à la manœuvre, le pays trace une voie singulière, entre modernisation institutionnelle et continuité politique.
Faure Gnassingbé, PCM de la Cinquième République, incarne ainsi cette ambivalence : nouveau titre, nouveaux défis, mais même vision stratégique pour un Togo en quête de stabilité, de réformes et d’un avenir ancré dans la légalité constitutionnelle.
Charbel SOSSOUVI