À partir du 1er octobre 2025, un vent de rigueur soufflera sur l’usage des caméras de surveillance au Togo. Fini les installations anarchiques dans les lieux publics. Désormais, chaque dispositif devra obligatoirement être déclaré auprès de l’Instance de Protection des Données à Caractère Personnel (IPDCP).
Derrière cette décision se dessine une ambition claire. Il s’agit de protéger la vie privée des citoyens, prévenir les abus et renforcer la confiance autour d’un outil devenu omniprésent.
Un équilibre entre sécurité et liberté individuelle au Togo
Les caméras de surveillance se sont imposées dans les rues, commerces et bâtiments administratifs comme une réponse aux défis sécuritaires. Mais leur multiplication a ouvert une brèche inquiétante : l’exploitation abusive des images. Consciente de ces dérives, l’IPDCP trace désormais une ligne rouge. Sans déclaration, aucune image ne sera recevable devant un tribunal. Une avancée qui consacre le respect de la dignité humaine dans l’espace public.

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Toutefois, des exceptions existent. Dans les bureaux, les salles de réunion ou encore les établissements scolaires, les caméras destinées uniquement à la sécurité ne nécessitent pas de déclaration, à condition que les personnes concernées soient clairement informées. De même, les dispositifs installés dans les domiciles privés échappent à la procédure… à une nuance près : ils ne doivent ni filmer la rue, ni capturer les voisins. L’IPDCP recommande cependant une déclaration volontaire, gage de transparence et de prudence.
Un pictogramme officiel, nouveau symbole de conformité
Afin de simplifier les démarches, l’institution a mis en ligne un formulaire standardisé. Chaque caméra déclarée donnera lieu à la délivrance d’un pictogramme officiel, désormais obligatoire sur tous les sites équipés. Ce signe distinctif jouera un double rôle : dissuader les abus et rassurer les citoyens sur la légalité des installations. Une véritable révolution visuelle dans l’espace public togolais, où la confiance devra s’afficher à travers un logo.
La loi ne laisse aucune place au laxisme au Togo. Toute personne utilisant des caméras non déclarées ou exploitant frauduleusement des données personnelles s’expose à de lourdes sanctions : un à cinq ans de prison et une amende comprise entre 5 et 20 millions de francs CFA. Un arsenal répressif pensé pour rappeler que la surveillance ne peut rimer avec violation des libertés fondamentales.
Le Togo, pionnier d’une régulation africaine
Avec cette réforme, le Togo envoie un signal fort. Celui d’un pays qui refuse de sacrifier les droits individuels sur l’autel de la sécurité. À l’heure où la technologie avance plus vite que les législations, cette décision place Lomé parmi les capitales africaines les plus attentives à la question de la protection des données personnelles.
Un choix qui pourrait bien inspirer d’autres États de la sous-région, confrontés aux mêmes défis. Car au fond, derrière chaque caméra, il y a une question essentielle : jusqu’où peut-on protéger sans surveiller à outrance ?