Des danses ancestrales aux fêtes traditionnelles colorées, en passant par les luttes traditionnelles, les sites historiques et les métiers artisanaux, le Togo regorge de multiples trésors culturels qui fascinent les voyageurs du monde entier. Outre son aspect économique, le tourisme culturel peut être un puissant moyen de préserver et de valoriser le patrimoine culturel du pays.
Afin de mieux comprendre la manière dont le gouvernement valorise ces richesses culturelles, les stratégies actuelles et les projets futurs du ministère pour développer le tourisme culturel, nous avons eu un entretien avec le Ministre Kossi Gbényo Lamadokou, pour explorer les actions entreprises par le Ministère de la Culture et du Tourisme.
Togo Emergent : Quelles sont les initiatives actuelles du ministère du tourisme et de la culture du Togo pour promouvoir le tourisme culturel du pays ?
Ministre Kossi Gbényo Lamadokou : L’ambition assignée au Ministère de la culture et du tourisme à travers la feuille de route gouvernementale est de contribuer à l’économie nationale à hauteur de 6,2¨% du PIB à l’horizon 2025.
Pour y parvenir, le ministère avec le soutien inconditionnel du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, du gouvernement et de ses partenaires, s’est engagé dans un processus de redynamisation du tourisme à travers des initiatives touchant à plusieurs pans de secteur touristique dont la valorisation du patrimoine culturel.
Le tourisme culturel, qui est l’un des types de tourisme, à l’instar du tourisme d’affaires, du tourisme de détente, du tourisme sportif, du tourisme religieux et familial, etc, désigne une pratique du tourisme, dont l’objectif est de découvrir le patrimoine culturel et les modes de vie d’une destination ainsi que de ses habitants. Ce type de tourisme englobe la visite de sites naturels assimilés à des éléments immatériels, du patrimoine architectural, mais aussi les pratiques religieuses ou cultuels, les déplacements effectués pour assister à des festivals et autres manifestations culturelles, le tourisme gastronomique, la visite de musées, de monuments, de galeries d’art, etc.
Il contribue à préserver les patrimoines culturels et historiques, matériels et immatériels, en finançant la protection et la réhabilitation de ces derniers. Bref, il permet de trouver l’équilibre entre protection et utilisation du patrimoine, en tant que générateur de revenus.
Eu égard à cette importance capitale du tourisme culturel, l’Etat togolais, à travers le ministère de la culture et du tourisme, mène plusieurs actions aux fins de sa promotion.
Il s’agit essentiellement, d’abord des mesures administratives et réglementaires prises pour sauvegarder les biens culturels de notre pays en les inscrivant sur la Liste nationale des biens culturels en vue de leur exploitation à des fins touristiques sur toute l’étendue du territoire, en proposant certains à l’inscription sur la Liste indicative ou sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ou de l’ICESCO.
Ensuite, nous pouvons parler des actions de viabilisation du patrimoine culturel car pour promouvoir le patrimoine, il faut d’abord s’assurer de la qualité et de l’authenticité de sa charge culturelle. Dans ce sens, nous pouvons citer les études de faisabilité pour la réalisation de projets de valorisation (exemple du Koutammakou inscrit au patrimoine culturel de l’Unesco), la mise en œuvre de projets d’aménagement de sites patrimoniaux comme les sites de la métallurgie ancienne de fer de Bassar, des greniers de grottes de Nok et le site historique de Kamina pour ne citer que ceux-là.
Enfin, la formation des guides de tourisme, facteurs essentiels de promotion des sites et la mise en service d’un site web de promotion touristique constituent des actions phares menées en faveur de la promotion de notre potentiel touristique dont celui du patrimoine culturel.
Le Togo possède une richesse culturelle diversifiée. Quels sont les principaux attraits culturels du pays que vous mettez en avant pour attirer les voyageurs internationaux ?
Il est connu de tous que le Togo regorge de multiples valeurs culturelles qui fascinent non seulement les touristes étrangers mais aussi les nationaux. Les attraits culturels sont donc mis en avant aussi bien pour les internationaux que pour les nationaux.
Avant tout, il faut considérer l’hospitalité des togolais qui est une marque de notre culture et qui est le premier argument fort d’attractivité pour nous aujourd’hui.
Hormis cela, nous ne pouvons citer que quelques sites parce qu’on compte plus d’une centaine de sites culturels d’envergure dans notre pays. Ainsi, nous avons entre autres biens culturels, le site du Koutammakou inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, les sites de la métallurgie ancienne de Bassar qui fait l’objet actuellement d’un processus d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, les vestiges de l’histoire esclavagiste du Togo (le circuit de l’esclavage), les greniers de grottes de NOK et de Manproug, témoins de l’époque des razzias dans notre pays, etc.
Il y’a aussi l’immatériel qui a une grande importance dans notre patrimoine comme : la gastronomie (le Togo ambitionne de faire également inscrire un plat local au patrimoine de l’UNESCO et les démarches dans ce sens ont commencé), les rites et fêtes traditionnelles, les festivals et différents arts dont nous voulons mettre une partie en lumière à travers la réalisation de fresques murales sur une artère importante de notre capitale.
Bref, aujourd’hui il faut noter que notre pays a fait le choix de positionner tous les champs de la culture au service du développement touristique en créant les conditions de leur foisonnement comme c’est le cas du secteur du cinéma, pour ne citer qu’un exemple.
Comment le ministère collabore-t-il avec les communautés locales pour préserver et promouvoir leur patrimoine culturel tout en tirant parti du tourisme pour le développement économique ?
Les communautés locales sont détentrices et dépositaires des biens et éléments du patrimoine culturel national. De façon participative, le ministère organise avec chaque communauté, la valorisation et la promotion de ses biens culturels. Cette collaboration est de proximité et assurée par le biais des structures déconcentrées du ministère telles que les directions régionales des arts et de la culture, les conservateurs des sites et musées, les gestionnaires des bibliothèques de lecture publique et des centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) implantées dans toutes les préfectures du pays.
Toutes les actions du ministère pour la sauvegarde, la préservation et la valorisation du patrimoine culturel se font de façon consensuelle avec les communautés que ce soient pour les visites de terrain, la participation aux événements culturels organisés dans les localités, les missions de prospection et d’évaluation des potentialités culturelles et touristiques, etc.
Avec la décentralisation aujourd’hui, les communautés ont compris qu’elles doivent préserver leur patrimoine pour pouvoir en tirer une plus-value économique et ceci facilite la collaboration avec notre département.
Le tourisme culturel peut contribuer à la conservation des traditions et des savoir-faire ancestraux. Comment le ministère soutient-t-il les initiatives visant à protéger et revitaliser les pratiques culturelles traditionnelles ?
Les traditions et savoirs ancestraux relèvent du Patrimoine Culturel Immatériel qui est encadré par la convention de 2003 ratifiée par le Togo.
Dans cette dynamique, le pouvoir central ne peut déroger à son rôle de garant de la pérennité de ces pratiques qui sont des signes distinctifs de notre culture. C’est ainsi que le ministère se met aux côtés des détenteurs de ce patrimoine immatériel à travers les divers cadres de concertation pour la préservation de l’authenticité de ces expressions culturelles. Pour preuve, pour les grandes décisions concernant notre pays, le gouvernement prend toujours soin d’associer les garants des us et coutumes comme lors de la validation de la stratégie de redynamisation du tourisme.
Des projets comme le festival national des danses (FESNAD) sont également destinés à affirmer la proximité de l’Etat avec la fibre traditionnelle de chaque peuple. Le ministère ne lésine pas sur les moyens à soutenir les initiatives allant dans le sens de la préservation de la culture et c’est une des vocations du Fonds national pour la promotion culturelle (FNPC (Ex FAC)) qui offre des opportunités de financement des initiatives en faveur de la promotion des pratiques culturelles authentiques ou endogènes.
Non seulement le gouvernement soutient les initiatives en faveur de la préservation de la culture mais également il créé des projets et conditions pour la sauvegarde de notre culture comme le projet d’inventaire, de sauvegarde et de valorisation des savoir-faire de la facture et de la pratique des instruments de musique traditionnels du Togo, réalisé avec le concours de l’UNESCO il y a moins de 2 ans.
Le développement du tourisme culturel peut également entraîner les défis tels que l’authenticité culturelle et la gestion durable des sites patrimoniaux. Comment le gouvernement aborde-t-il ces questions complexes ?
La diversité culturelle est une opportunité que tous les peuples devraient saisir aujourd’hui. Nous sommes conscients que qui dit tourisme dit brassage culturel, mais l’authenticité culturelle est garantie par les efforts de sauvegarde des pratiques traditionnelles, que le gouvernement s’évertue à renforcer avec l’étroite collaboration avec les acteurs locaux, les chefs coutumiers, les autorités municipales, de sorte que les savoirs faire ancestraux ne subissent d’influences ou ne soient dégradées par les habitudes des visiteurs que nous accueillons. C’est pour cela que les initiatives de promotion de notre culture sont de plus en plus soutenues.
Nos fêtes traditionnelles sont devenues des rendez-vous incontournables des fils et filles des localités et ceci est très rassurant vis-à-vis des ambitions du gouvernement portées par notre ministère en faveur de la culture.
L’authenticité culturelle du Togo, même si elle est altérée par le brassage avec d’autres cutures, ce qui est normal à l’ère de la mondialisation, garde encore des racines solides. La complexité ne se trouve alors pas tant dans sa préservation mais plus sur la question de la gestion durable des sites patrimoniaux.
Pour ce volet, le gouvernement met aujourd’hui un accent particulier sur le tourisme durable, un aspect fortement mis en avant dans la stratégie de redynamisation du tourisme.
Celle-ci prévoit d’ailleurs la création d’un label national qui permettra de quotter les meilleures pratiques de gestion et de valorisation des sites touristiques sur le plan national.
Il faut noter que l’enjeu actuel de patrimonialisation des sites et de leur inscription sur la Liste nationale ou sur les Listes sur le plan international implique une gestion durable des sites et nous obligent donc à faire profiter au maximum les populations des retombées économiques de l’exploitation touristique des sites puis à encourager les populations et les visiteurs à adopter des attitudes responsables et respectueuses de l’environnement et des modes de vie locaux.
Quels sont les projets futurs du ministère pour diversifier et améliorer l’expérience des touristes qualifiés par le tourisme culturel au Togo ?
En termes de projets futurs, le ministère a des prévisions ambitieuses ancrées dans les activités de mise en œuvre de sa stratégie.
Hormis la poursuite de la viabilisation des sites patrimoniaux pour une meilleure conservation et promotion, le ministère compte renforcer la qualité de son offre culturelle en réalisant un mix judicieux de tous les domaines de la culture togolaise.
Il s’agira de réaliser des infrastructures de qualité (un musée national, des complexes culturels, etc.), d’organiser et d’accueillir des événements culturels d’envergure (festivals, foires, résidences culturelles, etc.), de faire des fêtes traditionnelles des événements touristiques majeurs, de professionnaliser les métiers de la culture et d’accroître la visibilité de la culture togolaise tant à l’interne qu’à l’international à travers la digitalisation des produits et services culturels et les différentes reconnaissances (prix, inscription sur les Listes, etc.).
L’éducation et la sensibilisation jouent un rôle dans la préservation du patrimoine culturel. Comment le ministère implique-t-il les écoles et les jeunes générations dans ces efforts ?
Le Ministère à travers les directions régionales des arts et de la culture initient fréquemment des activités de proximité avec les écoles et les jeunes, ceci dans le but d’éveiller les jeunes à la conscience culturelle.
Ceci passe par des appuis à l’organisation des semaines culturelles, par l’organisation des conférences et des séances professionnelles à l’endroit des jeunes (cafés littéraires, vernissages, ateliers d’apprentissage, etc.), pour les encourager à produire des œuvres qui mettent en exergue et valorisent le patrimoine culturel du pays.
Par ailleurs, en partenariat avec les artistes, les associations culturelles et autres acteurs, des sensibilisations et des formations sont faites à l’endroit des élèves et des jeunes pour les familiariser avec les valeurs culturelles endogènes.
Des journées portes ouvertes lors des journées dédiées au patrimoine et au tourisme sont également des occasions pour le ministère d’être au plus proche de la jeunesse et de leur montrer la nécessité de préservation du patrimoine.
Il faut reconnaître que l’implication des jeunes est de plus en plus visible par le constat actuel de la présence active des jeunes dans les industries culturelles et créatives de notre pays.
Gardez à l’esprit que le gouvernement étudie actuellement la possibilité de formaliser très prochainement l’intégration de la culture et du tourisme dans les curricula de formation.
Le tourisme durable gagne en importance à l’échelle mondiale. Comment le ministère encourage-t-il le tourisme culturel responsable et respectueux de l’environnement au Togo ?
Les projets d’aménagement et de valorisation des sites patrimoniaux que le ministère de la culture et du tourisme initie, prévoient toujours des mécanismes de lutte contre les dégradations environnementales, notamment, l’utilisation de matériaux locaux et des énergies renouvelables, le renforcement du couvert végétal des sites, la pose des panneaux de signalisation indiquant les attitudes respectueuses vis-à-vis de l’environnement à adopter par les visiteurs, etc. Le ministère encourage également la création des villages écotouristiques autour des sites culturels, comme c’est le cas pour le projet de création d’un site écotouristique dans l’Akébou, projet alliant nature et culture dans un respect environnemental exceptionnel.
Les acteurs sont par ailleurs souvent sensibilisés à la question environnementale lors des activités comme la mise en terre annuelle de plants d’arbres par ceux-ci en collaboration avec notre ministère et celui chargé de l’environnement.
Enfin, quelles sont les ambitions stratégiques du ministère voire du gouvernement pour faire du tourisme culturel un levier important en faveur du développement du Togo sur le long terme ?
Les ambitions stratégiques du Ministère de la culture et du tourisme sont principalement axées sur la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie de redynamisation du tourisme, stratégie voulue par le Chef de l’Etat, qui prévoit la réalisation d’infrastructures et des actions de valorisation du patrimoine culturel national.
Comme je l’ai dit précédemment, cette stratégie comporte des projets très ambitieux qui répondent à l’esprit de la feuille de route gouvernementale et qui nécessitent une forte participation des acteurs et investisseurs privés.
Le ministère continuera dans cet élan à créer toutes les conditions favorables à l’investissement et à l’innovation dans le secteur culturel et à s’assurer que tous les champs couverts par les industries culturelles et créatives puissent considérablement contribuer à l’atteinte des objectifs assignés.
Mot de fin
Le tourisme culturel représente un puissant levier pour le développement économique de notre pays et le digital offre d’énormes opportunités que nous comptons mettre en avant pour opérer des innovations susceptibles d’impacter durablement le secteur.
En assurant une bonne protection des droits liés à la production culturelle et une promotion collégiale de notre patrimoine culturel, nous pouvons relever ensemble le défi de faire contribuer significativement le tourisme au développement économique de notre pays.
Cette conviction nous pousse à saluer le choix judicieux de nos plus hautes Autorités de faire de la culture le socle de notre développement et de veiller scrupuleusement aux moyens mis en œuvre pour y arriver.
Je saisis cette occasion pour inciter une fois de plus tous les acteurs de la chaîne culturelle de notre pays à continuer à déployer des efforts pour aider le gouvernement à tenir haut l’étendard de la culture togolaise pour que vive le Togo.
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