C’est une petite révolution qui s’opère discrètement mais puissamment dans le paysage sanitaire togolais. Pour la première fois au Togo, la spécialité anthropologie est officiellement intégrée au concours de recrutement régional du personnel de santé. Une décision saluée comme une avancée stratégique dans l’approche holistique des soins de santé.
Dans un communiqué publié ce vendredi 9 mai, le ministère de la Fonction publique a levé le voile sur cette nouveauté de taille : les titulaires d’une licence LMD ou d’une maîtrise classique en anthropologie peuvent désormais postuler à ce vaste concours, jusque-là réservé aux profils médicaux, paramédicaux, administratifs et d’appui. Et pour leur permettre de s’aligner, le délai de dépôt des dossiers est exceptionnellement prolongé jusqu’au vendredi 16 mai à 17 heures.
L’anthropologie, une clé pour soigner autrement
Souvent reléguée aux marges des politiques publiques, l’anthropologie retrouve ici ses lettres de noblesse. Dans un contexte où les systèmes de santé doivent composer avec les réalités culturelles, religieuses et sociales, le rôle de l’anthropologue devient fondamental. Comprendre les comportements face à la maladie, décrypter les représentations locales du corps, des soins ou de la mort, c’est aussi cela, soigner efficacement.
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Avec 2235 postes ouverts pour l’ensemble du territoire, dont 202 pour le personnel médical, 1420 pour le personnel paramédical et 613 pour les fonctions administratives et de soutien, ce concours est l’un des plus ambitieux de ces dernières années. Les épreuves se tiendront le samedi 31 mai dans les centres de Lomé, Kara et Dapaong.
L’intégration de l’anthropologie à cette édition envoie un message puissant aux jeunes diplômés. Leurs compétences sont enfin reconnues comme utiles, voire essentielles, dans l’architecture sanitaire nationale.
Ce geste administratif pourrait bien marquer le début d’un changement de paradigme. Il ne s’agit plus uniquement de recruter du personnel, mais de repenser la santé comme un écosystème complexe, où chaque savoir compte. Une anthropologie appliquée à la santé, c’est une promesse d’écoute, de médiation, de solutions adaptées aux réalités du terrain.
En prolongeant le délai de dépôt des candidatures, le gouvernement togolais ne fait pas qu’élargir la liste des postulants : il donne une chance à la science humaine de servir la vie.
Un appel à tous les anthropologues togolais : votre heure a sonné.
Car soigner, c’est aussi comprendre.