Entre Moscou, Lomé et les capitales africaines, le Président du Conseil togolais Faure Gnassingbé tisse une stratégie audacieuse : sécuriser le Sahel, protéger les populations et garantir l’accès aux engrais dans une économie mondiale sous tension. L’image peut tromper : derrière les portes capitonnées du ministère russe des Affaires étrangères, ce n’est pas une simple rencontre bilatérale qui se joue, mais une négociation de survie pour des millions d’Africains.
En se rendant à Moscou dans un contexte international marqué par une polarisation inédite entre blocs, le Président du Conseil togolais, Faure Gnassingbé ne cherche ni protection politique ni posture spectaculaire. Il porte une vision : celle d’une diplomatie d’équilibre, fidèle à l’ADN stratégique du Togo et adaptée aux fractures du monde actuel. Une diplomatie qui refuse la logique des camps. Une diplomatie qui privilégie le résultat.
Un mandat africain, discret mais puissant
Contrairement à sa mission officielle de médiateur de l’Union Africaine, le Président du Conseil, Faure Gnassingbé agit ici avec un mandat plus informel. Selon plusieurs sources diplomatiques, le Président du Conseil représente un groupe informel de chefs d’État africains qui lui confient un rôle clé : parler en leur nom auprès des puissances globales, sans fracas, mais avec constance.
Son style tranche avec les codes habituels : pas de déclarations tapageuses, pas de diplomatie spectacle, mais une approche fondée sur la confiance personnelle, la neutralité et la fiabilité.
Sécurité : le Sahel, nouveau front mondial
Si le Président du Conseil est à Moscou, c’est parce que la question sécuritaire ne concerne plus seulement le Sahel : elle concerne le monde entier. Pour Lomé, la menace n’est plus locale. Elle est systémique. Les routes migratoires se densifient. Les trafics illicites explosent. Des groupes terroristes tentent d’atteindre les côtes du Golfe de Guinée.
Dans ce contexte, la posture togolaise est claire : aucune puissance ne doit être exclue des discussions, y compris la Russie, acteur majeur dans le Sahel.
Comme il l’a souligné :
« Le Sahel est la nouvelle frontière de la sécurité mondiale. Si nous perdons ici, tout le monde perdra. »
Faure Gnassingbé pour une L’autre bataille, celle des engrais
La sécurité n’est qu’un volet de la mission. Le deuxième enjeu, tout aussi vital, est économique : garantir l’accès aux fertilisants. Les prix mondiaux explosent. L’Afrique de l’Ouest souffre. Le Togo, qui ambitionne de développer une production locale, doit surmonter un obstacle technique majeur : la forte teneur en ammonium du phosphate national.
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D’où l’importance de Moscou pour obtenir des quotas préférentiels pour l’Afrique de l’Ouest, renforcer la coopération technologique, sécuriser l’avenir de l’industrie agricole togolaise, consolider la chaîne de valeur régionale. Dans un continent où la faim progresse, ces discussions n’ont rien d’accessoire : elles sont stratégiques.
Une diplomatie non alignée, mais assumée
Certains observateurs évoquent un rapprochement de Faure Gnassingbé avec Moscou. L’entourage du Président du Conseil rectifie aussitôt : ce voyage est une étape d’une tournée mondiale, entamée depuis 2021, qui va d’Abou Dhabi à Dakar, de Rome à Washington. Le Togo n’est pas en quête d’un camp. Il construit une coalition de moyens, multiplie les passerelles, refuse les fermetures.
À Lomé, son rôle prend de l’ampleur. Les échanges réguliers avec les dirigeants du Sénégal, du Niger, du Burkina Faso ou de la Cédéao en font un pivot stratégique dans les discussions sur la sécurité et la coopération en Afrique de l’Ouest.
Faure Gnassingbé n’impose rien. Il écoute, il relie, il apaise. Une méthode rare, précieuse. À Moscou, il n’est pas venu pour choisir un camp. Il est venu pour parler sécurité, agriculture, coopération et surtout survie collective.
La conclusion qu’il laisse entrevoir est limpide L’Afrique n’a pas besoin de diviser le monde. Elle a besoin que le monde l’aide à ne pas se diviser elle-même.







