C’est une page nouvelle qui s’ouvre dans l’histoire minière du Togo. Après des années d’attente, de tractations et de réformes, le gisement de manganèse de Nayega, niché dans la région des Savanes, entre officiellement en phase de production. Une avancée stratégique pour le pays, qui voit dans cette ressource critique un levier pour accélérer sa transformation économique, diversifier ses revenus et renforcer sa souveraineté dans un secteur jadis sous domination étrangère.
Depuis 2023, le Togo a repris le contrôle total de cette mine, mettant en place une société publique chargée de sa valorisation. Il s’agit de la Société togolaise de manganèse (STM). Un acte fort de souveraineté économique. Mais cette relance ne se fait pas en vase clos. Le pays a su s’entourer d’un partenaire technique de renom : la société britannique Keras Resources, dont le rôle d’accompagnement s’inscrit dans un contrat précis et limité dans le temps.
Renaissance du manganèse au Togo
Dès la fin juin, Keras supervisera le démarrage de la production. Selon le plan d’exploitation, 4 000 tonnes de minerai commercialisable seront extraites par mois durant un trimestre, avant une montée en puissance vers une cadence mensuelle de 8 000 tonnes. En contrepartie, l’entreprise recevra 1,5 % des revenus bruts générés par la mine durant trois ans, et 6 % pour ses services de courtage, dans la limite de 900 000 tonnes ou 3,5 ans.
Avec 8,5 millions de tonnes de réserves prouvées et une durée de vie estimée à plus de 10 ans, le gisement de Nayega est bien plus qu’un simple site minier. Il est une pièce maîtresse du puzzle économique voulu par les autorités togolaises dans leur feuille de route 2025.
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Le manganèse, quatrième métal le plus utilisé au monde, est essentiel à de nombreuses industries : batteries, sidérurgie, électronique, énergies renouvelables. Sa demande explose, portée par la transition énergétique mondiale. Le Togo, grâce à Nayega, entre de plain-pied dans cette chaîne de valeur internationale, avec l’ambition claire de ne plus être un simple exportateur brut, mais un acteur stratégique dans l’économie verte de demain.
Une souveraineté assumée
Ce retour à la maîtrise nationale des ressources naturelles est à saluer. Longtemps exploitées par des intérêts extérieurs, les mines togolaises connaissent une réorientation ambitieuse, centrée sur les retombées locales : emplois directs, développement des communautés, infrastructures, fiscalité renforcée. Nayega est un symbole de cette dynamique nouvelle, où l’État reprend les rênes sans pour autant tourner le dos à des partenariats intelligents.
Au-delà de l’exploitation, les autorités affichent une volonté claire de transformer localement, à moyen terme, une partie de la production. Un chantier colossal, mais qui s’inscrit dans une logique de valeur ajoutée et de montée en gamme de l’économie nationale.
Dans un monde où les matières premières critiques deviennent l’oxygène des économies, le Togo entre dans la cour des grands. Et Nayega en est la porte d’entrée.