C’est dans la salle de conférence de l’hôtel Sarakawa ce 9 juillet 2025, que quatre membres éminents du gouvernement togolais ont fait front uni face à la presse nationale et internationale. Objectif, exposer, preuves à l’appui, la mécanique perverse d’une campagne d’intoxication numérique ayant nourri les manifestations des 6, 26, 27 et 28 juin derniers. À quelques jours des élections, l’heure n’est plus aux spéculations. Le Togo choisit la vérité, la fermeté et la pédagogie.

TikTok, Facebook, X (ex-Twitter)… Les plateformes sociales ont été le théâtre d’un phénomène inédit au Togo. Il s’agit d’une montée organisée de contenus appelant à la désobéissance, aux incendies d’édifices publics, et aux attaques contre les forces de l’ordre. Sur l’écran géant de la salle, les journalistes présents ont découvert une compilation d’appels virulents, orchestrés par des influenceurs togolais de la diaspora.
Selon les données partagées, 1,3% seulement de ces contenus émanaient du Togo. La majorité provient de l’extérieur, notamment de la France.
Quand le virtuel ment, le réel souffre
Le ministre de l’Enseignement technique, Isaac Tchiakpé, a été clair : « Des gens ont délibérément choisi de s’en prendre à l’État. Nous avons affaire à des entrepreneurs de violence. » Dénonçant les bilans imaginaires, les fausses victimes et les montages viraux, il appelle à la retenue, mais surtout à la justice. Une enquête est en cours pour situer les responsabilités.

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« Il ne peut y avoir de soulèvement national. Rien ne justifie l’usage de la force et de la violence pour réclamer quoi que ce soit à l’État », a renchéri Pacôme Adjourouvi, ministre des Droits de l’homme. Le cadre légal est clair. Les articles 495 à 505 du code pénal togolais encadrent strictement les incitations à la violence, qu’elles soient numériques ou physiques.
Une réponse d’État sans équivoque

Au cœur de cette conférence, un message ferme mais rassurant. « Force reste à la loi », répètent en chœur les ministres. Mais le ton n’est pas que répressif. Le ministre Hodabalo Awaté, en charge de l’administration territoriale, a salué l’engagement des médias pour « faire la différence entre le Togo virtuel et le Togo réel », insistant sur leur rôle dans la diffusion de la bonne information.
À ceux qui parlent de milices, Calixte Madjoulba répond sans détour. « Je n’ai connaissance d’aucune milice. Faisons confiance aux institutions. Les enquêtes suivent leur cours. » Le ministre Pacôme Adjourouvi rappelle que d’autres pays comme le Bénin ont déjà légiféré pour mieux encadrer l’usage des réseaux sociaux. Le Togo s’apprête, lui aussi, à y réfléchir sérieusement.
L’échéance électorale maintenue au Togo
Malgré les manifestations annoncées les 16 et 17 juillet prochains, le gouvernement reste inébranlable. » Les élections auront bel et bien lieu le 17 juillet… Il n’y aura pas de faveur pour qui veut troubler l’ordre public, a martelé le Colonel Hodabalo Awate ». Le climat est tendu, certes, mais l’État se veut garant de la stabilité. « Ceux qui ont été manipulés ont encore le temps de revenir à la raison », affirme t’il, appelant la jeunesse à ne pas se laisser instrumentaliser.
Loin d’une simple opération de communication, la conférence de presse du 9 juillet 2025 s’impose comme un acte de transparence gouvernementale dans un contexte miné par la désinformation. À l’ère numérique, les fake news peuvent devenir des armes. Le Togo a choisi d’en faire un combat de vérité.
« Modérons nos propos, car la violence verbale appelle la violence physique », a martelé Calixte Madjoulba. Une phrase lourde de sens, à méditer pour tous ceux qui tiennent un micro, une caméra… ou un smartphone.