Ils sont là, chaque jour, dans l’ombre des services hospitaliers. Victimes d’accidents, mères en couche en situation critique, enfants atteints de drépanocytose ou malades du cancer… Tous ont un point commun. Ils attendent une poche de sang. Parfois en vain. Parce qu’en face, trop peu tendent le bras.
Le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) du Togo a, une fois de plus, tiré la sonnette d’alarme il y a quelques jours. Le stock de sang s’amenuise dangereusement. Les donneurs réguliers se font rares. Et pourtant, chaque minute, quelque part dans le pays, quelqu’un a besoin de cette précieuse ressource. C’est une urgence invisible, mais réelle.
Donner du sang, c’est donner la vie
Le sang ne se fabrique pas. Il ne se trouve pas en pharmacie. Il ne s’achète pas. Il ne se télécharge pas. Il se donne. Et ce geste simple, qui ne prend pas plus de 30 minutes, peut sauver jusqu’à trois vies. Une poche de 450 ml suffit parfois à offrir une nouvelle chance à un enfant en crise drépanocytaire ou à une femme hémorragique après un accouchement.
C’est un acte de solidarité, mais aussi un acte de patriotisme. Car dans un pays comme le Togo, où les besoins dépassent largement les dons, donner son sang devient un devoir civique. Et au-delà des slogans, c’est un pacte silencieux entre humains : aujourd’hui c’est l’autre, demain ce pourrait être vous.
Briser les fausses croyances
De nombreuses idées fausses circulent encore autour de ce don : « je vais tomber malade », « je vais m’affaiblir », « je n’ai pas le bon groupe sanguin »… Autant de barrières mentales qui freinent la générosité. En réalité, tout adulte en bonne santé, âgé de 18 à 60 ans, peut donner son sang sans aucun risque. L’organisme se régénère rapidement, et un petit goûter est même offert à la fin du prélèvement. Que demander de plus ?
Imaginez qu’un jour, à cause d’un accident, votre frère ou votre mère ait besoin de sang… Et qu’il n’y en ait pas. Le don de sang est la seule réponse humaine à ce genre de drame. Un geste gratuit, altruiste, universel. Il n’y a pas de religion, de classe sociale ou de couleur dans une poche de sang. Il n’y a que l’amour de l’autre.
Un cri qu’on ne doit pas ignorer
Les banques de sang tournent à flux tendu. Les campagnes de collecte se multiplient, mais elles ne suffisent pas. Le CNTS appelle à une mobilisation massive. Et ce n’est pas pour faire joli dans les médias : c’est une question de survie. Si chaque citoyen en bonne santé donnait son sang deux fois par an, les besoins du pays seraient largement couverts.
Ce n’est ni l’argent ni la célébrité qui font un héros. Ce sont les petits gestes répétés dans le silence du quotidien. Faire ce don, c’est offrir une partie de soi pour que l’autre vive. C’est entrer dans la grande chaîne de la vie et devenir, sans cape ni costume, un héros anonyme.
Alors la prochaine fois que vous passerez devant un centre de transfusion, ne détournez pas le regard. Entrez. Tendez le bras. Sauvez une vie.
