Le Togo se réveille avec un silence lourd, presque solennel. Celui que laisse la disparition de Zarifou Ayéva, figure majeure de la scène politique nationale, s’apparente à une onde de choc. À 83 ans, l’ancien ministre, opposant historique et président fondateur du Parti Démocratique pour le Renouveau (PDR) s’est éteint, emportant avec lui une part essentielle de la mémoire politique contemporaine du pays.
Dans les rues, les cercles politiques, les salons feutrés comme les débats populaires, un même constat s’impose : le Togo vient de perdre un homme d’État au sens noble du terme.
Zarifou Ayeva, héritier d’une lignée politique et traditionnelle respectée
Zarifou Ayéva n’était pas un homme politique comme les autres. Fils de feu Dermane Ayéva, ancien président de l’Assemblée nationale et cadre influent de l’Union des Chefs et des Populations du Nord (UCPN), il est né dans une tradition d’engagement et de responsabilité publique. Issu de la famille royale de Komah à Sokodé, il portait en lui une double légitimité : politique et coutumière.
Cet ancrage historique et culturel a profondément façonné son parcours. Chez lui, la politique n’était ni un calcul, ni une posture, mais une mission, presque un sacerdoce.
Un visage incontournable de l’opposition au Togo
Dans les années 1990 et 2000, période charnière de l’histoire démocratique togolaise, Zarifou Ayéva s’impose comme l’un des principaux visages de l’opposition. Fondateur du PDR, il défend une vision politique fondée sur le pluralisme, le dialogue et le respect des institutions.
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Sa candidature à l’élection présidentielle de 1998 marque un tournant. Elle symbolise l’audace d’une génération de leaders décidés à faire entendre une autre voix, dans un contexte politique tendu et souvent incertain.
Un homme d’État au service de la diplomatie
L’histoire retiendra aussi que Zarifou Ayéva fut le tout premier ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine du président Faure Essozimna Gnassingbé, de 2005 à 2007. À ce poste stratégique, il contribue au repositionnement du Togo sur la scène internationale, œuvrant pour une diplomatie d’apaisement, d’ouverture et d’intégration régionale.
Mais au-delà des titres et des fonctions, Zarifou Ayéva restera dans l’histoire comme un artisan patient et déterminé de la démocratie togolaise. Il croyait au débat, au dialogue, à la construction progressive des institutions. Sans fracas inutile, sans populisme, mais avec constance et conviction.
Aujourd’hui, le Togo pleure un homme. Demain, l’histoire retiendra un héritage. Celui d’un leader qui aura consacré sa vie à l’État, à la République et à l’idéal démocratique.







