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Togo/ Crash de Lungi: Quand le triomphe tourne au cauchemar

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Togo/ Crash de Lungi: Quand le triomphe tourne au cauchemar

Le 3 juin 2007, le ciel s’est assombri sur le football au Togo. Ce jour-là, au lieu d’un chant de victoire après le triomphe 1-0 des Éperviers contre la Sierra Leone, c’est un hurlement de douleur qui a secoué toute une nation. Un hélicoptère s’écrasait à Lungi, en Sierra Leone, emportant 22 vies, dont celles de 13 Togolais. Supporters passionnés, journalistes dévoués, cadres de la Fédération et le ministre des Sports Richard Attipoé… tous arrachés brutalement à l’affection d’un pays en liesse.

Ce drame, survenu après un vol de seulement sept minutes à bord d’un Mil Mi-8 de la compagnie Paramount Airlines, a laissé un vide béant dans le cœur des Togolais. L’appareil, en flammes à l’approche de l’aéroport de Lungi, n’a laissé qu’un seul survivant. Une tragédie évitable, selon l’enquête : maintenance négligée, appareil exténué après douze rotations… et cette treizième, fatale.

Une plaie encore vive dans la mémoire nationale

Dix-huit ans plus tard, le souvenir est intact. En 2022, une cérémonie d’inhumation symbolique s’est tenue au stade de Kégué, à Lomé, pour accueillir spirituellement les âmes des disparus. C’était une réponse, certes tardive, mais profondément humaine : permettre à ces Togolais de reposer symboliquement chez eux, sur leur terre. Les rites, conduits par les chefs traditionnels, ont tenté d’apaiser les douleurs et de poser un geste fort : celui de la mémoire collective.

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Mais si les hommages sont venus, la justice, elle, reste attendue. Les familles, endeuillées et souvent réduites au silence, réclament encore la pleine vérité et une indemnisation digne. Certaines ont reçu des compensations partielles, d’autres, rien. L’oubli administratif et les promesses non tenues font souffrir plus que le temps lui-même.

L’urgence de sécuriser les espoirs au Togo

Le crash de Lungi dépasse le cadre d’une tragédie sportive. Il est le rappel cruel de la fragilité de nos institutions de transport, surtout en période de compétition internationale. Il questionne notre rapport à la sécurité, notre capacité à anticiper les risques, et la valeur réelle accordée aux vies humaines derrière le spectacle du sport.

Les Éperviers, ce jour-là, avaient porté haut les couleurs nationales. Ceux qui les ont accompagnés n’étaient pas de simples passagers : ils étaient la voix, le cœur, l’âme du football togolais. Leur disparition ne doit jamais être banalisée. Elle interpelle, encore aujourd’hui, sur l’obligation de faire du droit à la sécurité une priorité absolue pour tous les acteurs du sport africain.

Honorer les morts, protéger les vivants

Aujourd’hui, le Togo regarde derrière, mais aussi devant. Derrière, pour ne pas oublier ceux que Lungi nous a pris. Devant, pour bâtir un avenir où plus jamais un tel drame ne se reproduira. Cela passe par la mémoire, mais surtout par l’action : enquêtes approfondies, sanctions, réparations, et réformes profondes dans la gestion des déplacements officiels.

Il ne s’agit plus seulement de pleurer. Il faut réparer, et surtout prévenir. Car les disparus du 3 juin 2007 ne reviendront pas, mais leur souvenir peut devenir un phare. Un phare pour éclairer une nouvelle culture du sport, où la vie humaine ne sera jamais reléguée au second plan.

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