La manifestation du 6 juin, largement relayée sur les réseaux sociaux, s’est soldée par un échec, révélant les limites d’une mobilisation sans leadership ni stratégie claire. Me Tchassona Traoré et Gerry Taama pointent du doigt une opposition informelle désorganisée, dont les actions exposent des jeunes à des risques juridiques sans protection.

La manifestation, annoncée comme une poussée citoyenne spontanée, s’est révélée être un non-événement pour beaucoup d’observateurs politiques. Derrière l’appel à descendre dans les rues, aucun visage, aucune structure clairement identifiée, si ce n’est une agitation numérique sans véritable relais sur le terrain.

Manifestation du 6 juin : « C’est cette absence de responsabilité qui est inquiétante », Tchassona Traoré

Selon Me Tchassona Traoré, sénateur et président du MCD, la manifestation du 6 juin relève d’« une mobilisation sauvage », sans cadre légal ni visage politique assumé. Il déplore surtout le manque de responsabilité des initiateurs : « C’est cette absence de responsabilité qui est inquiétante », affirme-t-il, soulignant les conséquences juridiques pour les jeunes arrêtés sans accompagnement structuré.

L’ancien député Gerry Taama, quant à lui, a dressé dans un post sur sa page Facebook « les sept péchés capitaux » de cette manifestation. Il rappelle que les manifestations doivent être encadrées par la loi et faire l’objet d’une déclaration officielle : « Une manifestation spontanée est un regroupement automatique suite à un événement imprévu, comme la célébration de la victoire suite à un match de football. Ça, c’est autorisé. Mais pour que ça se présente comme une manifestation spontanée, il ne faut pas plusieurs jours avant, crier sur tous les toits qu’il y’a quelque chose le 6. Ça cesse d’être spontané […] Par manque de connaissance du droit, toutes les personnes interpellées se trouvent malheureusement sous la coupe de la loi. »

Manifestation du 6 juin : une mobilisation sans cap, sans impact

Pour les deux hommes politiques, la manifestation du 6 juin cristallise les limites d’une nouvelle forme d’opposition informelle, éclatée et virtuelle. Gerry Taama insiste : « L’absence d’un leader autour de qui se rallie les autres », a été un handicap majeur. La mobilisation a manqué de stratégie, de préparation et surtout d’une figure capable d’assumer la parole publique et de protéger les participants.

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Il dénonce également l’illusion entretenue par certains activistes quant au pouvoir des réseaux sociaux : « Même un million de personnes sorties dans ces conditions auraient été dans une impasse », prévient-il, avant de rappeler avec ironie que « Tiktok ne nourrit pas si on n’y vend rien. » En d’autres termes, la popularité numérique ne remplace ni la légitimité politique, ni la structure de terrain.

Une chose à ne pas ignorer est que ces genres de tentative de mobilisation portent le risque de se retourner contre ses initiateurs et exposer des jeunes mal informés à des sanctions qu’ils n’avaient pas anticipées.

Alida AKAKPO