L’Afrique de l’Ouest s’articule autour de ses corridors économiques, de ses ports, de ses routes commerciales et des flux qui dessinent les équilibres d’influence. Dans cette géographie du mouvement, un pays attire désormais les projecteurs : le Togo. Discret, stratégique, méthodique, il s’est hissé au sommet des services de transport au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
En 2024, le Togo a concentré à lui seul 29,5 % des recettes issues des services de transport, soit près d’un tiers de tout le marché régional. À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire, pourtant à l’influence économique majeure, suit avec 26,7 %. Ces données proviennent du dernier rapport sur le commerce extérieur de l’UEMOA, publié par la BCEAO.
Au cœur de cette performance, le Port autonome de Lomé, devenu bien plus qu’une infrastructure logistique : un nœud vital du commerce ouest-africain. Son tirant d’eau naturel, sa modernisation continue, et sa capacité à accueillir des porte-conteneurs de dernière génération en ont fait la principale porte maritime des pays enclavés tels que le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Chaque conteneur qui transite, chaque cargaison qui se déploie, témoigne d’un savoir-faire logistique désormais reconnu à l’échelle continentale.
Togo, un pilier du commerce ouest-africain malgré les turbulences
Les services de transport – terrestres, maritimes et aériens – représentent une pièce centrale du commerce de services dans l’UEMOA. Toutefois, leur poids dans les exportations totales s’est légèrement contracté, passant de 21,6 % en 2023 à 19,4 % en 2024, en raison d’une baisse globale des recettes (de 670,3 à 627,1 milliards FCFA).
Malgré ce contexte régional moins favorable, le Togo a consolidé sa position, preuve d’une stratégie logistique cohérente et durable.
Les chiffres parlent avec force. En 2024, les exportations de services de transport du Togo ont atteint 185,1 milliards FCFA. Entre 2020 et 2024, elles sont passées de 104,4 milliards FCFA à 185,1 milliards FCFA, soit une progression remarquable de près de 77 % en seulement cinq ans. Certes, entre 2023 et 2024, la croissance se stabilise (+0,7 milliard FCFA). Mais cette pause semble davantage traduire un état d’équilibre et de consolidation plutôt qu’un essoufflement.
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Dans une région où le commerce est l’oxygène du développement, le Togo s’affirme comme un poumon vital. Sa puissance ne tient ni au volume territorial, ni à la densité démographique, mais à l’intelligence de son positionnement. Dans le silence des quais, sous le grondement des moteurs de navires, une influence est en train de s’édifier — durable, structurée, assumée. Le Togo ne suit plus la dynamique régionale : il la conduit.







