Le Togo écrit une nouvelle page de son histoire administrative. À partir du lundi 12 mai, la préfecture du Golfe, cœur vibrant de la capitale Lomé, entre dans la dynamique du recensement biométrique national. Cette opération, coordonnée par l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (INSEED) en collaboration étroite avec l’Agence nationale d’identification (ANID), marque une étape décisive dans le processus d’inclusion numérique à l’échelle du pays.
Déjà amorcé dans la région des Savanes, ce recensement massif, soutenu par la Banque mondiale à travers le programme régional WURI (Identification pour l’intégration et l’inclusion en Afrique de l’Ouest), s’inscrit dans le vaste projet e-ID Togo. Un projet qui ne se limite pas à la collecte de données, mais qui redéfinit en profondeur la manière dont les citoyens interagiront avec l’État.
Un identifiant unique pour un accès simplifié aux services au Togo
Le cœur du projet ? Un identifiant unique, sécurisé, et attribué à chaque individu vivant sur le territoire national. Ce numéro, adossé à des données biométriques et démographiques, deviendra à terme le sésame incontournable pour accéder aux services publics et sociaux : santé, éducation, aide sociale, fiscalité, justice, ou encore systèmes de vote.
Derrière cette ambition se cache une volonté claire : moderniser l’administration, fiabiliser les bases de données nationales et lutter contre l’exclusion. Car dans un pays où une grande partie de la population évolue encore dans l’informalité, disposer d’une identité reconnue par l’État, c’est exister juridiquement, politiquement, économiquement.
Des défis logistiques à la mobilisation citoyenne
Cette nouvelle phase dans la préfecture du Golfe s’annonce très importante. Avec plus de 2 millions d’habitants, la zone urbaine est densément peuplée et hétérogène. L’efficacité de l’opération reposera donc sur une logistique sans faille, un maillage territorial bien pensé, et surtout, une communication claire à l’endroit des populations.
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Les autorités misent sur une mobilisation de proximité, avec des agents recenseurs déployés dans les quartiers, les marchés, les lieux de culte et les institutions. Des campagnes de sensibilisation sont prévues pour expliquer les enjeux du projet, rassurer les sceptiques et éviter les rumeurs contre-productives. Car un échec dans le Grand Lomé aurait un effet domino sur l’ensemble de la campagne nationale.
e-ID Togo : un socle pour demain
Au-delà des chiffres et des statistiques, c’est bien la promesse d’un Togo plus juste, plus connecté et plus équitable qui se joue. À terme, e-ID Togo vise à intégrer l’identité numérique dans tous les pans de la vie quotidienne, jusqu’à devenir un outil de pilotage du développement. Mieux cibler les politiques publiques, renforcer la transparence, prévenir les fraudes, faciliter l’intégration régionale : les retombées potentielles sont colossales.
Mais encore faut-il que chaque citoyen y adhère. C’est là tout le défi. Il faudrait convaincre que cette démarche n’est pas une surveillance déguisée, mais une avancée démocratique. Une garantie que plus personne ne sera oublié ou invisible.
Le recensement biométrique dans le Golfe n’est pas une simple formalité administrative. C’est un acte fondateur, une pierre angulaire d’un Togo moderne et inclusif. Le compte à rebours est lancé. Le 12 mai, ce ne sont pas que des empreintes digitales qui seront capturées : c’est l’avenir d’une nation qui se cristallise, empreinte après empreinte.