Ils se faisaient passer pour des policiers. Ils détournaient des tonnes de marchandises. Ils se croyaient intouchables. Mais la route nationale n°1 vient de se transformer en piège pour un réseau mafieux d’une audace rare. La Gendarmerie nationale, après plusieurs mois de traque, vient de signer un coup de filet spectaculaire.
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Il y avait une stratégie. Des rôles bien définis. Une hiérarchie. Et surtout, une cible composée des camions chargés de marchandises traversant le Togo du nord au sud. Enquête après enquête, la gendarmerie nationale ont fini par lever le voile sur un système mafieux qui, pendant des mois, a semé la terreur sur la Nationale n°1. Huit présumés cerveaux ont été interpellés à Lomé, dans le cadre d’une opération d’envergure.
Un mode opératoire bien sophistiqué
Les suspects – tous de nationalité togolaise – ont été identifiés comme L. Daouda, F. Kidje, A. Charles, J. Kobena Essenam, A. Komlan Ephrem, S. Nambé, A. Koffi Florent et B. Philippe. Derrière ces noms, une logistique implacable digne des séries criminelles : repérage, filature, interception, séquestration, désactivation des GPS, revente des marchandises… rien n’était laissé au hasard.
Leur mode opératoire est glaçant. Depuis le Port autonome de Lomé ou directement depuis le Burkina Faso, des camions étaient ciblés dès le chargement. Une première cellule collectait les informations clés à savoir les plaques, les cargaisons et les contacts. Le chef, L. Daouda, pilotait ensuite les opérations à distance et guide les équipes vers leurs proies.
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Des faux policiers entraient alors en scène. Camouflage impeccable, fausses plaques, menaces. Les conducteurs et leurs apprentis étaient enlevés et détenus dans des villas transformées en prisons privées, pendant que d’autres complices désactivaient les balises GPS pour brouiller les pistes.
Le butin ? Des tonnes de produits agricoles comme le sésame blanc. Des marchandises revendues clandestinement, puis partagées entre les membres du groupe. Les criminels pensaient maîtriser la route comme leur poche. Jusqu’à ce fameux 24 mars.
Un coup de filet grâce à la vigilance de la Gendarmerie Nationale
Le 24 mars 2025, à Lilikopé, le plan échoue. Un camion suspecté d’être visé par le réseau parvient à déjouer le piège. Grâce à une campagne de sensibilisation menée par la gendarmerie nationale auprès des transporteurs, le conducteur et son apprenti gardent leur sang-froid. La tentative échoue. L’étau se resserre.
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Les enquêteurs de la gendarmerie nationale remontent les pistes, croisent les témoignages, exploitent les indices, et frappent fort. Huit arrestations simultanées dans différents quartiers de Lomé. L’une des dernières opérations du groupe remontait au 19 février, lorsqu’un camion contenant 45 tonnes de sésame avait été détourné à l’entrée de Tsévié. Le conducteur et son apprenti, séquestrés pendant trois jours, avaient été abandonnés dans la brousse. Traumatisés.
Ce n’est pas tout. En décembre 2024, le même réseau avait simulé un braquage contre de prétendus amis venus acheter un véhicule depuis Ouagadougou. Sur une piste isolée entre Noépé et Kovié, les « faux policiers » surgissent, dépouillent les visiteurs, et repartent avec 9 millions de francs CFA. Preuve que pour ces bandits, rien n’était sacré, pas même les liens d’amitié.
Les membres du réseau, désormais sous les verrous, devront répondre de leurs actes devant la justice. En attendant, la Gendarmerie nationale renforce la vigilance sur les axes stratégiques du pays, et appelle à la collaboration de tous les acteurs du transport.
Parce qu’une route sûre, c’est d’abord une route libre du crime.