La fête traditionnelle Evala bat son plein à Kara. Loin d’être une simple fête, c’est tout un rite qui se dessine dans la tradition Kabyè. C’est une école de courage, de discipline, d’honneur. Mais derrière les luttes spectaculaires qui captivent les foules, une préparation silencieuse, spirituelle et physique, façonne l’âme des jeunes garçons de 18 à 20 ans appelés à devenir les piliers de leur communauté.

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Avant même de toucher la pierre de cérémonie, chaque Evalou reçoit un message gravé dans la mémoire comme un serment. Awadé Bagoubadi, encadreur de lutte, lève le voile sur cet instant sacré. « Aujourd’hui, tu es un garçon, tu dois apprendre à te respecter et respecter ton entourage, tu dois aussi être prêt à défendre tes parents et même ta famille que tu auras très bientôt », peut-on lire sur atop.tg. Ces mots ne sont pas de simples encouragements. Ils sont un pacte. Une clef de passage. Une armure invisible que le jeune portera fièrement dans l’arène.

Les coulisses des Evala: entre test et sélection

Mais l’honneur d’entrer dans l’arène ne se donne pas. Il se mérite. Après cette étape spirituelle, vient la phase physique. Tests d’endurance, apprentissage des techniques de lutte, évaluation de la force mentale. Les encadreurs ne laissent rien au hasard. Les jeunes sont classés en groupes, confrontés dans un système pyramidal de combats successifs où stratégie et résistance décident des hiérarchies.

Ce processus forge l’esprit collectif tout en révélant les leaders. Ce n’est pas seulement un sport. C’est une guerre d’identité et de mérite.

Faut-il impérativement manger la viande du chien?

S’il est une image qui interpelle et parfois choque, c’est celle de la viande de chien, souvent associée à l’Evala. Manger cette viande n’est pourtant pas imposé, comme le confirme Awadé Bagoubadi. « Le jeune Evalou qui sait qu’en consommant cette viande, il sera fort, endurant et acquerra toutes les capacités pour triompher dans l’arène de lutte personne ne lui dira d’en consommer car lui-même y trouve un intérêt. Par contre, d’autres préfèrent manger la viande de porc », a t’il affirmé.

Dans les croyances locales, le chien incarne la ténacité, la fidélité, et la bravoure. En manger serait donc s’imprégner de ses qualités. Trois ans durant, le jeune Evalou a le choix. Mais un vrai Evalou, dit-on, ne renonce jamais à ce que les anciens considèrent comme un acte de puissance.

Les rites Evala sont bien plus qu’un folklore. Ils sont le miroir d’une société qui enseigne la valeur du respect, du dépassement de soi, et du collectif. À l’heure où le monde évolue à grande vitesse, ces traditions rappellent que devenir un homme n’est pas une question d’âge, mais de passage. Un passage encadré, structuré, codifié, qui fait vibrer tout un peuple et attire chaque année des milliers de curieux venus découvrir ce que signifie vraiment “grandir” en pays Kabyè.